Accéder à la propriété grâce aux taux historiquement bas
Avec les taux moyens des crédits immobiliers toujours historiquement bas, le marché s'habitue de plus en plus à une situation pourtant censée être exceptionnelle. Quelles stratégies adoptent les banques dans ce contexte, pour continuer d'attirer des clients ? Quelles opportunités s'offrent aux particuliers ? Réponses avec Ouafaa Machri, directrice du service immobilier de BoursedesCrédits.
Ouafaa Machri répond aux questions de BoursedesCrédits
BoursedesCrédits : avec la faiblesse des taux et l'augmentation des prix de l'immobilier dans les grandes villes, comment les banques font-elles pour conserver un vivier de clients solvables ?
Ouafaa Machri, directrice du service immobilier de BoursedesCrédits : Pour mesurer la solvabilité d'un emprunteur potentiel, les banques s'appuient sur un historique de réalisation des prêts. Celui-ci enregistre tout ce qui a pu poser problème dans les remboursements. Les règles d'octroi sont donc, grâce à ça, ajustées en permanence. C'est cet aspect qui est pris en compte au moment d'accorder un prêt, davantage que la conjoncture du marché. En revanche, actuellement, il est vrai que les banques allongent la durée de leurs prêts et sont très offensives en termes de taux. Depuis le début de l'année, elles ont toutes baissé leurs conditions pour chaque durée, et ce, afin de rendre possible l'arrivée de nouveaux clients.
L'an dernier, le taux d'inflation a été, pendant plusieurs mois, supérieur aux taux moyens des crédits immobiliers. Cela veut-il dire qu'un particulier gagnait de l'argent en empruntant durant cette période ?
O.M. : En effet, cette situation est favorable pour l'acquéreur. Sa capacité de capitalisation est alors meilleure et le coût de son crédit s'en trouve réduit. Étant donné que tous les prix augmentent, sauf celui de son prêt, il est évident que cela constitue un gain de pouvoir d'achat pour le client.
La faiblesse des taux incite-t-elle les particuliers à acquérir des biens ou est-elle uniquement un plus au moment de l'achat ?
O.M. : Les taux bas encouragent fortement la population à devenir propriétaire. La raison est simple : les individus sont rationnels et, en comparant le coût d'un loyer par rapport à celui d'une mensualité, ces derniers préfèrent payer pour détenir un actif. Celui-ci, en plus, se valorise tous les ans.
Cela a-t-il pour effet d'augmenter les prix de l'immobilier ?
O.M. : De manière générale, je n'ai pas l'impression que les prix soient augmentés, sauf évidemment dans les grandes villes. Le marché y est très tendu et les opportunités s'y font rares. Cependant, avec les taux très bas actuellement pratiqués, ce sont les petits paniers, dans les petites villes, qui en profitent vraiment.
La politique monétaire très accommodante de la Banque centrale européenne condamne-t-elle les taux à rester bas ?
O.M. : Cela ne condamne personne. La BCE ne gère pas la politique commerciale des banques. Néanmoins, il est vrai qu'avec un marché très tendu en termes de clients, les banques ne peuvent pas remonter leurs taux. De plus, j'ai le sentiment que la situation actuelle est causée par le manque d'effet de la politique économique européenne. Elle ne parvient pas, malgré la faiblesse de ses taux directeurs, à faire repartir l'inflation. Cela conduit à un blocage économique, qui, en fin de compte, est bénéfique aux particuliers. L'environnement est en effet rendu favorable afin que les entreprises puissent investir, mais ce sont finalement les ménages qui en profitent et font l'acquisition de biens.
La BCE est-elle la seule responsable de cette conjoncture ?
O.M. : Non. Disons que les planètes sont alignées. D'abord, c'est vrai qu'il y a la stratégie de la BCE, mais en plus, on peut évoquer la baisse du nombre de transactions, mais aussi, les nombreuses renégociations qui, pendant un temps, données une apparence de stagnation au marché. Celles-ci arrivent à leur terme. Par conséquent, il y a un ralentissement des opérations qui oblige les banques à baisser toujours plus leurs taux, et ce, afin de continuer à attirer des clients. Le crédit immobilier reste en effet un produit d'appel pour les banques.
Les particuliers sont-ils suffisamment informés quant aux opportunités qu'offrent actuellement les conditions historiquement souples de financement ?
O.M. : Bien sûr que oui. De nos jours, les gens sont ultra-informés. Il existe de très nombreuses émissions sur le sujet, même à des heures de grande écoute. On en parle à la télévision, à la radio, sur internet, dans la presse... Impossible d'y échapper. Aujourd'hui, tout le monde sait qu'il est possible d'obtenir un bon taux pour son financement, et même un très bon taux en passant par un courtier. Depuis 2008 en effet, l'immobilier est devenu un sujet d'actualité récurrent qui intéresse les Français.
À quoi faut-il s'attendre lorsque les taux remonteront ?
O.M. : Difficile à dire, mais il y a deux hypothèses. La première, c'est d'assister à une situation assez confuse, avec un ralentissement très brutal des transactions. La seconde, c'est d'observer, dans le calme, une baisse progressive des prix. Dans tous les cas, il n'est pas nécessaire de s'affoler. Il y aura toujours de l'activité, même si le marché se restreindra sans doute autour des meilleurs dossiers.
>> Sur le même sujet : Comment réussir la signature de sa promesse de vente ?