Assurance emprunteur : les banques tentent toujours d'empêcher les changements d'assurance
Malgré plusieurs lois en faveur d'une libéralisation du marché de l'assurance emprunteur, de nombreuses banques généralisent les mauvaises pratiques afin d'empêcher les emprunteurs de changer d'assurance de prêt.
Entre le texte et la pratique, il y a souvent un monde... C'est ce que révèle une étude de Sécurimut qui s'intéresse aux changements d'assurance emprunteur.
Depuis une dizaine d'années, les lois se succèdent afin de faciliter les changements d'assurance de prêt. De la loi Lagarde, à la loi Hamon, en passant par l'amendement Bourquin, ces lois ont toutes le même objectif : rendre le marché plus concurrentiel et faciliter les démarches pour les emprunteurs.
Seulement voilà, dans les faits, les résultats peinent à se faire sentir. Pour preuve, le Comité Consultatif du Secteur Financier (CCSF) estime que 88 % de la part du marché du secteur des assurances de prêt est encore captée par les banques, ce qui ne laisse qu'une marge très réduite aux assureurs alternatifs.
La mise en concurrence encore faible au moment de la signature
Selon l'étude de Sécurimut, certains facteurs pourraient expliquer ce quasi-monopole des banques.
L'étude révèle ainsi qu'aujourd'hui, les emprunteurs sont moins enclins à utiliser la délégation d'assurance, qui permet à un emprunteur de dissocier son crédit de l'assurance au moment de la signature. Beaucoup préfèrent désormais opter pour un dispositif Hamon, après la signature ( 55 % des emprunteurs utilisent le dispositif Hamon, contre 30 % en 2015).
D'ailleurs, toujours selon l'étude, la capacité des emprunteurs à faire jouer à la délégation d'assurance serait directement liée au profil de l'emprunteur. Les futurs acheteurs de type cadre avec plus de surface financière seraient ainsi plus enclins à faire valoir leur droit de mise en concurrence au moment de la signature. Les plus faibles revenus sont davantage intéressés par l'obtention d'un taux attractif.
Les banques coupables de mauvaises pratiques
La responsabilité des banques est également directement mise en cause. En effet, certains établissements n'hésitent pas à retarder voire à faire échouer les demandes de changement d'assurance. Securimut explique qu'il est même parfois difficile de trouver le bon interlocuteur.
De plus, même si les courriers des assurés ne s'égarent pas, les banques peuvent jouer la montre en alourdissant largement la procédure. L'étude dévoile ainsi que plus d'un quart des dossiers ( 27% nécessiterait quatre courriers ou plus avant d'obtenir une réponse favorable. Ce qui permet aux banques de placer les demandes hors des délais légaux et oblige l'assuré à repartir pour une année de cotisation.
Enfin, les banques avancent souvent un argument béton : la non-équivalence des garanties. En effet, l'emprunteur qui souhaite changer d'assurance doit présenter un contrat au moins aussi avantageux que celui que lui propose sa banque. Problème, les banques rivalisent parfois de mauvaise foi afin de ne pas perdre un client.