Prêt immobilier : les taux fixes sont-ils en danger ?
Le Comité de Bâle, chargé de la réflexion sur la réglementation du système bancaire, souhaite limiter les risques portés par les banques qui accorderaient trop de crédits à taux fixes. Des prêts dangereux pour leurs bilans, mais moins risqués et plus avantageux pour les emprunteurs en période de taux bas.
Le Comité de Bâle, souhaite limiter les risques portés par les banques qui accorderaient trop de crédits à taux fixe
Y-aura-t-il une baisse forcée du nombre de crédits octroyés à taux fixes ? La question peut se poser, puisque le Comité de Bâle, chargé de la sécurité et de la fiabilité du système bancaire et financier mondial, souhaiterait limiter l'octroi de cette formule de taux en faveur de taux variables. Plusieurs fédérations de banques ont choisi de faire part de leurs inquiétudes, dans un courrier adressé vendredi au Comité et révélé mardi 8 juillet par le quotidien Les Echos.
Cette nouvelle réglementation, viserait à mieux apprécier les risques immobiliers portés par les banques et l'impact sur leur bilan d'une évolution à la hausse ou à la baisse des taux d'intérêt. Le Comité envisage ainsi de repenser la façon dont les banques traitent ce « risque de taux ».
Les banques s'inquiètent de leur capacité future à octroyer des prêts à taux fixes
Un danger réfuté par cinq des principales fédérations d'établissements bancaires qui ont décidé d'écrire à ce comité. Une lettre que s'est procuré le quotidien Les Echos. Fédérations françaises, allemandes, belges et japonaises font front commun dans cette lettre, pour défendre le prêt immobilier à taux fixe.
Selon leurs représentants, cette modification de la réglementation du secteur pourrait « mettre en danger la capacité des banques à octroyer des crédits immobiliers à taux fixe », rapporte le quotidien économique, qui explique que « les banques craignent que cette réforme ne conduise à un traitement beaucoup plus sévère du crédit immobilier ».
Afin de rendre les risques plus limités, les banques devraient, comme pour toutes leurs contraintes de solvabilité, placer plus de réserves selon le niveau de risque des prêts accordés. Ces nouvelles mesures de sécurité pourraient aussi pousser à la hausse les taux d'intérêt des crédits accordés, permettant donc aux banques de se couvrir davantage.
Vers une limitation du nombre de crédits à taux fixes
La solution la plus simple et encouragée par le Comité de Bâle selon Les Echos, consiste à baisser le nombre de prêts à l'habitat qui sont octroyés avec un taux fixe. Une solution qui aurait un impact non-négligeable pour les emprunteurs.
En effet, avec un taux variable, le risque de variation du taux n'est plus porté par l'établissement, mais par le ménage puisque les remboursements évoluent à la hausse ou à la baisse selon l'OAT. Avec un taux fixe, l'emprunteur rembourse chaque mois les mêmes mensualités. Peu importe l'évolution du taux, c'est la banque qui couvre la différence.
Pas étonnant donc que les taux variables n'aient pas la cote en France. 85% des crédits immobiliers sont ainsi réalisés avec un taux fixe dans l'Hexagone. En juin, selon l'Observatoire Crédit Logement CSA, seulement 3,5% de la production de nouveaux crédits à l'habitat a été faite à taux variable.
Une part très faible qui se comprend aisément au vu des taux historiquement faibles aujourd'hui. Des taux très bas qui ont ainsi bien plus de risque de remonter que de baisser au cours des prochains mois, renchérissant donc le coût d'un crédit obtenu avec un taux variable.