La baisse des taux se poursuit, poussée par la politique de la BCE
Des taux d'intérêt dans l'immobilier qui descendent toujours plus bas ! C'est la tendance notée depuis le début de l'année par les médias et professionnels. Une situation liée à la politique monétaire européenne et au risque de déflation qui pèse sur la zone euro.
Le siège de la BCE à Francfort (Source Epizentrum)
Alors que le Salon National de l'Immobilier c'est terminé le 6 avril 2014 à Paris, les banques continuent d'abaisser leurs taux d'emprunt immobilier ou de rachat de crédit pour attirer de nouveaux clients. La concurrence entre les établissements bancaires reste féroce, avec des taux d'intérêts tirés à la baisse par la politique monétaire européenne.
Les taux des crédits immobiliers sont actuellement très proches de leur plus bas niveau historique. En moyenne, sur 20 ans, un emprunteur obtiendra un crédit immobilier au taux de 3,20%. Les meilleurs dossiers pourront même descendre à 2,80% auprès de la Caisse d'Epargne Ile-de-France, tout au long du mois d'avril et 2,72% sur 15 ans auprès du CIC.
Ces taux d'appels, très bas, offrent une occasion privilégiée pour les banques qui les appliquent de capter de nouveaux clients, primo ou secundo-accédants, qui seront tentés de domicilier leurs revenus dans l'établissement prêteur.
L'OAT 10 ans continue de baisser
Les banques peuvent ainsi se permettre, en ce premier semestre 2014, de baisser leurs taux sans rogner toujours plus sur leur marge.
L'obligation assimilable du Trésor à dix ans, ou OAT 10 ans, l'indice qui détermine le niveau des taux fixes immobiliers, à reculer de 0,6 point depuis début 2014. Le 17 avril, après plusieurs jours de baisses consécutives, l'OAT 10 ans s'affiche à 1,94%. Fin 2013, il atteignait 2,6%.
Les pressions déflationnistes poussent la BCE à agir et peut-être baisser son taux directeur
Cette tendance à la baisse de l'OAT 10 ans et donc des taux immobiliers, est confirmée par les récentes déclarations de Mario Draghi. Le président de Banque centrale européenne (BCE) estimait en début de semaine que la BCE devait continuer à assouplir sa politique monétaire face à la baisse de l'inflation et au risque de déflation qui plane sur la zone euro.
Des pressions déflationnistes, très fortes, dans les Etats du Sud de l'Europe, qui font craindre un véritable risque d'insoutenabilité des dettes et d'insolvabilité des agents endettés. En une année, l'inflation, qui représente la hausse des prix, a chuté à 0,5%, bien loin de l'objectif des 2% fixé par la BCE.
La lutte contre l'euro fort, au coeur de la politique de la BCE
La cause principale, la montée de l'euro. Depuis 2013, l'augmentation de la monnaie européenne a contribué à réduire de 0,5 point le taux d'inflation. L'euro a ainsi quasiment atteint, cette semaine, les 1,39 dollar. Sans cette surévaluation de l'euro, qui aggrave les risques de déflation, le taux d'inflation serait donc aujourd'hui de 1%
« Si nous voulons que la politique monétaire reste aussi accommodante qu'elle l'est aujourd'hui, une poursuite de l'appréciation du taux de change (de l'euro) pourrait nécessiter une action monétaire », avançait Mario Draghi, samedi 12 avril à Washington, lors d'une réunion avec le FMI.
Dans sa lutte contre l'euro fort et le risque de déflation, la BCE pourrait une nouvelle fois baisser son principal taux directeur, actuellement à 0,25%. En tombant à 0,10%, la BCE empêcherait donc toute remontée des taux d'intérêt immobilier et pourrait même engendrer une nouvelle baisse.
Une baisse de l'OAT aussi favorisée par le rebond de l'activité américaine, après les résultats des données économiques de mars et les déclarations de la présidente de la Réserve fédérale américaine (FED), Janet Yellen.
Elle indiquait, mercredi 16 avril, que l'économie américaine aurait encore besoin du soutien d'une politique monétaire, accommodante, avant que les objectifs de la FED concernant le niveau d'inflation et de taux de chömage soient atteints. Des objectifs qui ne seront pas atteints avant la fin 2016.
En attendant, le principal taux directeur de la Réserve fédérale devrait lui aussi rester à 0,25%, favorisant le dollar faible, jusqu'à une possible remontée en 2015. « Nous concentrerons toute notre attention sur le retrait des mesures de soutien le moment venu », soulignait Mme Yellen cette semaine devant l'Economic Club de New-York.