En 2016, il vaudra mieux emprunter qu'épargner
L'Insee, qui publie jeudi sa note de conjoncture, revient sur l'épargne des ménages et l'emprunt en 2015. Si les emprunteurs ont bénéficié de la baisse des taux d'intérêt, il en a été tout autre pour les épargnants. Une situation qui pourrait se poursuivre en 2016.
En 2015 et en 2016 les taux d'emprunt ont été bien plus attrayant que la rémunération de l'épargne, en baisse
Vaut-il mieux épargner ou emprunter ? L'Insee répond en partie à cette question en publiant jeudi 17 décembre sa note de conjoncture sur l'année 2015. Et selon le premier constat qui en ressort, les épargnants n'ont pas été à la fête en 2015.
Et pour cause, ces derniers ont pâti de la politique monétaire européenne de Quantitative Easing (QE). De manière très simple, les décisions monétaires de la Banque centrale européenne (BCE), ont augmenté les liquidités détenues par les banques poussant les taux d'intérêt à la baisse. Des taux en baisse, bénéfiques pour les emprunts, mais fortement négatifs pour l'épargne et en particulier l'assurance-vie dès lors moins rémunératrice.
Ce placement est cependant aujourd'hui, l'un des préférés des Français depuis la chute du taux de rémunération du Livret A. Or, le taux des assurances-vie en fonds en euros (31% de l'épargne en France) a mécaniquement chuté avec les différentes actions de QE de la BCE.
Au final, selon l'Insee, la rémunération des épargnants sur ces fonds euros aurait chuté de 300 millions d'euros en 2014, puis 1,7 milliard en 2015. En 2016, cette baisse devrait atteindre plus de 3,1 milliards d'euros.
Les emprunteurs, grands gagnants de la baisse des taux
Une situation toute autre pour l'emprunt puisque la baisse des taux permet de faire d'importantes économies financières comme le constate l'Insee : "l'ensemble des agents non financiers emprunteurs bénéficie de la baisse des taux en 2015 au détriment des banques et des épargnants".
D'après l'Institut de statistiques, la chute des taux sur les emprunts immobiliers entre mi 2014 et début 2015 s'est traduite par "un mouvement exceptionnel, par son ampleur, de rachats et renégociations de crédits". Un gain pour les ménages emprunteurs que l'Insee chiffre à 1 milliard d'euros rien que pour les seuls prêts immobiliers en 2015 et qui devrait atteindre 2,9 milliards en 2016.
La baisse des taux d'intérêt a incité les ménages à investir
Vladimir Passeron, Chef du département de la Conjoncture à l'Insee.
2015 a donc été une année importante en terme de désendettement des ménages emprunteurs qui possèdent d'ailleurs bien souvent un patrimoine financier moins élevé et qui ont donc un taux d'épargne inférieur aux ménages épargnants.
Une bonne nouvelle finalement pour le secteur immobilier puisqu'après "deux années de recul, l'investissement en logement des ménages devrait cesser de baisser dès la fin de l'année 2015".