Surendettement : pourquoi une telle baisse du nombre de dossiers ces 10 dernières années ?
En dix ans, le nombre de dossiers de surendettement a été divisé par deux en France, une chute expliquée en partie par des dispositifs plus efficaces pour aider les ménages avant que la situation ne devienne critique.
En 2011, année record, 232 500 nouveaux dossiers ont été déposés par des particuliers en "impossibilité manifeste" de régler leurs dettes. Ce chiffre est tombé à 113 000 en 2022, selon les statistiques de la Banque de France.
Bien que l'année 2023 ait enregistré une légère hausse, avec 112 087 dossiers de surendettement recensés sur les onze premiers mois, Mark Béguery, directeur des particuliers à la Banque de France, estime que cette augmentation reste modérée et bien en deçà des 143 000 dossiers déposés en 2019.
Une évolution majeure
Cette baisse constante, amorcée en 2016 lorsque le nombre de dépôts est passé sous la barre des 200 000, puis à 163 000 deux ans plus tard, avant de chuter à 108 000 en 2020, est considérée comme une "tendance de fond" par Mark Béguery. Plusieurs facteurs sont avancés, notamment la réduction du taux de chômage, sachant que la majorité des personnes touchées par le surendettement sont inactives.
Les effets à moyen et long termes d'un "meilleur encadrement" du crédit à la consommation, notamment grâce à la loi Lagarde de 2010, ont également joué un rôle significatif en réduisant les dettes à la consommation dans les dossiers de surendettement.
Efficacité des stratégies d'allègement de la dette
L'efficacité des mesures permettant un effacement total de la dette pour les situations les plus compromises est soulignée, représentant désormais entre 35% et 40% des dossiers. Cela a sensiblement freiné le nombre de redépôts, selon Mark Béguery.
Le développement de dispositifs de prévention, tels que l'ouverture de 500 Points conseil budget en France et une expérimentation lancée en février 2023 pour détecter plus en amont les situations de fragilité économique, contribue également à cette tendance positive.
Réputation négative et hésitation à solliciter de l'assistance
Cependant, malgré ces avancées, la procédure de surendettement, existante depuis 1989, souffre toujours d'une "mauvaise réputation". Les craintes de "perdre sa maison" ou d'être "interdit bancaire" persistent, entraînant une réticence à reconnaître le besoin d'aide.
Pauline Dujardin, juriste de la fédération Crésus, souligne que la peur de demander de l'aide conduit certaines personnes à prendre des crédits pour payer des crédits, entraînant des situations inextricables.
Bien que le retour aux niveaux de 2014-2015 semble improbable, le décalage entre les premiers impayés et le dépôt d'un dossier pourrait augmenter les chiffres du surendettement. La Banque de France reste vigilante aux signaux de difficultés financières des ménages, assure Mark Béguery.