Agences bancaires : recrudescence des violences lors des manifestations contre la loi travail
La Fédération bancaire française a écrit au ministre de l'Intérieur alors que 300 agences bancaires auraient été vandalisées lors des manifestations contre la loi El-Khomri. Certaines banques ont donc mis en place des mesures de sécurité supplémentaires.
Les banques françaises n'ont pas été épargnées lors des manifestations de ces dernières semaines.
Vitres brisées, portes démontées, locaux mis à sac. Les banques françaises n'ont pas été épargnées lors des manifestations de ces dernières semaines. "300 agences bancaires ont été impactées, soit environ 1% des points de vente" indique un banquier.
Alain Fradin, le directeur général du Crédit Mutuel Centre Est Europe avait indiqué que près de 40 agences du Crédit Mutuel et du CIC avaient été victimes de ces incidents. Il avait également annoncé la mise en place de mesures supplémentaires pour assurer la sécurité de guichets à proximité des fan-zones et des stades.
"Nous ne sommes pas spécifiques dans le contexte actuel, mais nous sommes particulièrement concernés car nous sommes une industrie de réseau, de très grande proximité, avec une présence territoriale très forte" a souligné Marie-Anne Barbat-Layani, la directrice générale de la Fédération bancaire française (FBF).
Le 11 avril dernier, la FBF a adressé une lettre au ministre de l'Intérieur, afin l'alerter et de lui demander de prendre les mesures nécessaires face à ces violences. "Les dégâts subis par les établissements sont parfois considérables, certains ayant été partiellement détruits" explique Marie-Anne Barbat-Layani.
Certains ont dû être "exfiltrés" via un commerce voisin pendant que les individus encagoulés détruisaient leurs bureaux à coup de marteaux et de barres de fer.
Marie-Anne Barbat-Layani, directrice générale FBF
Des violences chroniques
Cette bague de violence envers les agences bancaires n'est pas un phénomène nouveau. Les salariés des banques sont souvent victimes d'injures, insultes, menaces et autres agressions. Selon les chiffres collectés par l'Association française des banques (AFB), 5.836 cas ont été recensés en 2015 contre 5.834 en 2014. Des actes qui ont débouché sur 204 plaintes et 237 mains courantes déposées par des salariés.
Néanmoins, les agressions physiques graves ou plus légères envers les conseillers sont en net recul. L'année dernière 127 cas ont été recensés contre 182 en 2014. "Ces chiffres sont toutefois minorés par rapport à la réalité dans la mesure où il s'agit seulement des agressions signalées" estime Luc Mathieu, secrétaire général CFDT branche banque et assurance.
La raison la plus fréquente de ces actes de violence repose sur les décisions du conseiller liées au fonctionnement du compte de son client. Un refus de retrait d'argent faute de provisions sur le compte en est le parfait exemple. On retrouve également ici les clôtures de compte ou encore un dysfonctionnement de l'automate de retrait.
Les manifestations contre la loi Travail devraient logiquement accentuer cette tendance en 2016. "Les clients profitent des évènements qui mettent à mal la réputation des banques comme les révélations liées aux "Panama Papers" pour s'en prendre aux conseillers. Ce qui fut le cas en particulier pour les agences de la Société Générale", estime Luc Mathieu.