L'argent liquide va-t-il disparaître ?
À l'heure de la transition numérique, nos pièces et nos billets seraient-ils en voie d'extinction ? Nos smartphones et nos cartes bancaires finiront-ils par reléguer les porte-monnaie au rang d'antiquités ?
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Même si nous n'en sommes pas encore là, une récente étude publiée par la Banque de France, traitant des données recueillies en 2016 dans 17 pays de la zone euro, permet d'observer les habitudes des Français par rapport à leurs voisins.
Les Français adeptes des transactions immatérielles
Tout d'abord, bien que 68 % des achats en magasin soient réalisés en liquide, les Français sont parmi les plus grands usagers européens de monnaie dite « scripturale », c'est-à-dire dématérialisée. En comparaison, la moyenne dans la zone euro s'élève à 79 %.
En valeur, l'écart est encore plus significatif. En France, moins d'un euro sur trois est dépensé en « cash », tandis que la moyenne de la zone euro est supérieure à un euro sur deux. Contrairement à ce qu'on pourrait croire, les différences de revenus n'influencent pas significativement le mode de paiement.
La valeur de la transaction est déterminante
À la place, la Banque de France pointe du doigt les caractéristiques des transactions. En effet, plus qu'une question d'individu, c'est une question de type d'achat. Au-dessus de 100 €, celui-ci n'est que très rarement effectué en espèces, avec moins de 5 % du nombre d'opérations. Dans cette situation, le paiement par carte, qui représente 69 % des transactions, devient très largement majoritaire.
Il existe néanmoins une exception lorsque l'on parle de personnes avec moins de 500 € par mois. Du fait des nombreux exclus bancaire de cette catégorie, il y a prépondérance des opérations en espèces. Pour trouver un facteur discriminant de l'usage ou non du « cash », on peut se tourner vers l'aspect générationnel des choses.
La nouvelle génération utilise moins les espèces
Cette enquête révèle en effet une variation des comportements en fonction des classes d'âge. Ainsi, pour 100 € détenus, les personnes âgées de 18 à 24 ans en dépenseront près de 64 en espèces, tandis que celles âgées de plus de 55 ans en dépenseront plus de 73.
Cet écart de quasiment 10 points peut s'expliquer par la forte propension des jeunes à effectuer des achats sur internet, en plus des achats dans les commerces de proximité qui sont réalisés par l'ensemble des consommateurs. Les achats dans les commerces de proximité ont tendance à être réalisés très souvent en espèces, à l'inverse de ceux effectués par internet.
Source : Wavestone, « Baromètre des nouvelles tendances de consommation »
Lutter contre le marché noir
Ces nouveaux comportements mêlés à la tendance des Français à moins utiliser leurs espèces que leurs voisins européens amène à se poser une question : l'argent liquide va-t-il inexorablement disparaître de la circulation à l'avenir, et en premier lieu, en France ?
En plus de suivre l'évolution des modes de vie, cela permettrait aux autorités de rendre plus difficile la contrefaçon, ainsi que l'alimentation des marchés souterrains illégaux. Même avec le développent de la monnaie numérique, les transferts de fonds seront alors plus simples à contrôler par les autorités de régulation.
À Londres, certains restaurants n'acceptent déjà plus les billets ni les pièces, tandis qu'en Europe, la BCE a mis fin à l'impression des billets de 500 € pour lutter contre le crime organisé. Reste à voir si, bientôt, les villes françaises suivront le même chemin que la capitale du Royaume-Uni, et si, demain, les billets ne serviront plus qu'à étoffer les collections des musées.
