Assurance vie : clap de fin pour le fonds euros ?
Autrefois produit d'épargne particulièrement prisé, les fonds garanties sont aujourd'hui en perte de vitesse. Explications.
Rappelez-vous... Il fut un temps où l'assurance vie se résumait quasi-uniquement aux placements en fonds euros (à capital garanti). Les Français, pas particulièrement friands des placements risqués, mais potentiellement plus rémunérateurs, raffolait de ce type de contrats à la fois sécurisés et rentables.
Pourtant, aujourd'hui, les assureurs ne donnent pas cher de la peau des fonds euros et se sont, pour la plupart, déjà tournés vers d'autres placements. Plusieurs facteurs viennent expliquer ce phénomène.
Baisse des taux d'intérêts obligataires
Il y a trente ans, un placement en fonds euros pouvait rapporter près de 10 % par an (malgré une inflation très élevée). En 2000, ils rapportaient encore plus de 5 % par an. Il y a dix ans, les fonds euros affichaient un rendement de 3,4 % (avec 1,5 % d'inflation).
Que s'est-il passé ? Entre temps, la baisse des taux d'intérêt obligataires, qui composent 80 % des portefeuilles, est passée par là. À cause d'elle, les rendements se sont érodés petit à petit. Jusqu'à atteindre 1,83 % en 2018 et 1,46 % l'an passé.
Une chute vertigineuse qui, à en croire les assureurs, devrait se poursuivre. Selon eux, ils tomberont rapidement à 1 %, soit à peu près 0,8 % par an une fois les prélèvements sociaux déduits.
Le fonds euros devrait survivre
Pour autant, les Français restent attachés à ce placement. Selon le président de l'AFER, Gérard Bakerman, « ce n'est pas la fin du fonds euros ». En effet, selon lui, ce placement continue « répond toujours aux besoins de souscripteurs plus âgés, dont l'horizon de placement est incompatible avec une prise de risque ».
Un constat d'autant plus vrai que les livrets ne proposent pas un rendement plus élevé en ce moment (0,5 % pour le livret A), tout en restant plafonnés. Une limite que ne connaît pas l'assurance vie.
Le fonds euros, un problème pour les assureurs
Reste néanmoins que pour les assureurs, les fonds euros ressemblent davantage à une épine dans le pied. A cause de leur rendement, ils ne leur permettent pas de rentrer dans leurs frais de gestion (0,3 à 1 %), ce qui rend difficile de placer efficacement les sommes confiées.
Ainsi, les compagnies d'assurance tentent de dissuader leurs clients de miser sur le fonds euros. Pour cela, elles n'hésitent plus à majorer le taux de rendement du fonds euros en fonction de la part investie sur des unités de compte (UC), un placement plus rémunérateur, mais moins sécurisé.
L'autre instrument des compagnies est la contrainte. Concrètement, elles autorisent l'accès aux fonds en euros qu'à partir du moment où un souscripteur accepte de dédier 20 ou 30 % de son portefeuille vers des unités de compte. Des frais sont également appliqués sur les virements entièrement dirigés vers les fonds garantis.
Les assureurs envisagent également de réduire les garanties, jugées trop élevées, afin de permettre une diversification des investissements. Reste que malgré ces pistes, difficile d'imaginer comment le fonds euros pourra retrouver son lustre d'antan.