Banques : pourquoi les jeunes démissionnent de plus en plus ?
Les démissions ont été de plus en plus fréquentes dans les agences bancaires entre 2014 et 2016. Plus d'un tiers des départs de salariés en CDI dans le secteur bancaire ont été des démissions en 2016. Quelles sont les raisons qui peuvent justifier ce phénomène ? Explications.
Plus d'1/3 des départs de jeunes salariés en CDI sont des démissions en 2016
L'Association française des banques affirme que plus d'un tiers des départs de salariés en CDI dans le secteur bancaire ont été des démissions en 2016 (31,1 %, l'an dernier contre 24,8 % deux ans auparavant).
Avec le départ à la retraite de la génération des "papy-boomeurs", les effectifs se sont rajeunis dans le secteur bancaire. Ces jeunes premiers, tout juste sortis des écoles, et ces trentenaires dynamiques seraient davantage versatiles au travail que leurs prédécesseurs et moins sujets à la peur ou la frustration de démissionner de leurs postes.
Les salariés de moins de trente ans sont les plus nombreux à adopter ce type de comportements. On dénombre dans cette catégorie d'âge 16,6 % de départs en 2016 alors qu'ils étaient 13,7 % il y a deux ans. Voici les raisons principales de cette tendance.
Les jeunes ne s'adaptent pas aux nouvelles méthodes de travail
Le secteur bancaire est en pleine évolution et tous les acteurs de ce métier sont concernés par les nouvelles méthodes de travail mises en place et souhaitées par les directions des grands groupes.
Régis Dos Santos, président du SNB, le syndicat national de la banque et du crédit, affirme que les jeunes employés veulent davantage être conseillers que vendeurs alors que le marché leur impose désormais de s'apparenter à des commerciaux. Lorsqu'ils ne sont pas satisfaits de leurs situations, il leur est beaucoup plus simple de se reconvertir ou de quitter leurs entreprises que leurs ainés.
Les recrutements se font entre banques
Les critères de recrutement au sein des agences bancaires s'orientent de plus en plus vers des personnes qualifiées (un bac + 5 est souvent demandé) et celles-ci recrutent alors leurs employés au sein d'autres groupes bancaires dans lesquels ils ont fait leurs preuves.
Les jeunes recrues sont au courant de ce système et les mobilités interbancaires augmentent avec le temps. Un jeune employé d'une banque va prendre connaissance d'un nouveau poste existant dans un organisme bancaire concurrent ou même du même groupe. Il présente alors sa démission avec beaucoup moins d'états d'âme aujourd'hui qu'à une autre époque.
Les jeunes s'ennuient vite
Les jeunes employés ont besoin de changement, de nouveauté, de davantage de mobilité. Ils envient les jeunes loups du secteur de la finance qui bénéficient d'une plus grande modernité dans leurs techniques de travail.
Pour plaire à ses salariés cadets, les enseignes bancaires travaillent sur leur image, mais aussi sur leur environnement de travail qu'ils tentent de rendre plus adaptés au monde contemporain en tout point de vue (ambiance, simplification vestimentaire en rendant, par exemple, non obligatoire le port de la cravate, etc.).
Interrogé par le Figaro, Amaury La Clavière, Senior Manager chez Robert Walters et recruteur spécialisé en banque d'investissement explique que le passage en banques pour des jeunes est désormais un gage de sérieux, un premier pas professionnel remarquable pour leurs CV. En revanche, il ajoute que leur état d'esprit n'est plus le même qu'auparavant, car ils sont davantage ambitieux. "Aujourd'hui, ils veulent débuter leur carrière au sein d'une banque prestigieuse, pour y acquérir de la rigueur et construire un réseau. Mais après deux ou trois ans, certains se lancent dans une aventure entrepreneuriale", affirme-t-il.
Les candidats sont donc de plus en plus difficiles à séduire, et c'est désormais la banque qui s'adaptent aux recrutés plutôt que l'inverse. Affaire à suivre.