Blockchain, Bitcoin, comment ça marche ?
Bitcoin, Blockchain. Deux termes très liés, mais surtout un peu barbares et pourtant très à la mode. Deux termes qui regroupent à la fois une monnaie électronique et une technologie innovante qui devrait révolutionner Internet. Explications.
La technologie Blockchain devrait révolutionner les transactions et Internet
Une technologie qui pourrait uberiser Internet. C'est à peu près l'impact que serait susceptible d'avoir la technologie Blockchain, ou chaîne de bloc dans la langue de Molière. Une technologie qui devrait "révolutionner le monde et d'abord celui de l'Internet, car elle donne une réponse originale à un problème central des relations humaines : la confiance" analyse Jean Pouly, spécialiste de l'économie numérique.
Une technologie intrinsèquement liée à un autre terme, déjà plus démocratisé le Bitcoin. Pour bien comprendre leurs utilités et leurs fonctions, il faut revenir à la base et les définir. Le Blockchain est une technologie quand le Bitcoin est à la fois une unité de compte, mais aussi un réseau Peer to peer (P2P), "appelé Internet des transactions", comme l'explique Gonzague Grandval, co-fondateur de Paymium.
La Blockchain est donc une technologie innovante puisqu'il s'agit d'une base de données décentralisée qui fonctionne sur ce réseau et qui permet de stocker des données numériques d'une manière totalement sécurisée. Selon la Senior Vice-Presidente des Services Financiers de Capgemini Consulting, Martina Weimert "la Blockchain est assimilée à la nouvelle couche de l'Internet".
"On la compare souvent à un grand livre de comptes qui consigne tous les échanges et transactions entre utilisateurs de façon ouverte et infalsifiable. Les lignes de ce registre sont inscrites après validation par les utilisateurs eux-mêmes et constituent des blocs qui forment une chaîne inaltérable" note Jean Pouly. En résumé, la Blockchain a initialement vu le jour pour sécuriser la création du Bitcoin lui-même créé en 2009.
La confiance, socle de la Blockchain
L'importance de la Blockchain vient sa capacité à répondre à plusieurs besoins selon Martina Weimert : "Transférer des valeurs en temps réel" en "cas d'absence de confiance" ou "quand des inefficacités existent".
Ainsi, le grand intérêt de ce réseau est qu'il possède une autonomie complète. "Personne ne peut compromettre les transactions qui y ont lieu" détaille Gonzague Grandval. En effet, la Blockchain permet "des transactions de valeurs avec une traçabilité parfaite" rappelle Mme Weimert.
Avec la Blockchain, tout est consigné, tracé et sécurisé
Jean Pouly, spécialiste de l'économie numérique.
Selon Gonzague Grandval, "la Blockchain est la brique qu'il manque à Internet. La confiance. C'est sur ce type de technologie que se construiront nos piliers futurs. En 1980, personne n'aurait jamais imaginé que l'Internet serait l'un des piliers de notre vie !" Un avis partagé par Jacques Favier, auteur de La Voie du Bitcoin : "La Blockchain est le premier actif digitalisé et sécurisé". Celui-ci va plus loin en affirmant que "le Bitcoin pourrait devenir le dollar de l'Internet".
La Blockchain, à quoi ça sert ?
La technologie du Blockchain possède de nombreuses applications, dont un certain nombre restent encore à inventer. Et pour cause, c'est "une technologie assez difficile à appréhender" consent Gonzague Grandval. Une technologie toujours en phase de recherche et développement.
Actuellement, l'utilisation la plus connue, et surtout médiatisée, concerne le paiement avec l'unité Bitcoin. Il s'agit dans le détail de "transactions qui déplacent des Bitcoins d'un compte à un autre". A noter qu'actuellement la valeur d'un Bictoin est d'environ 400 dollars et que les montants investis à ce jour se chiffrent à plus d'un milliard de dollars.
La deuxième utilisation qui ressort de plus en plus concerne la certification de contrats attachés à une transaction. La Blockchain Bitcoin est ainsi un registre public et indépendant. De ce fait, "il permet de vérifier de la véracité d'une transaction et donc d'un contrat, d'une information ou même d'un diplôme qui y est attaché" détaille le fondateur de Paymium. La Blockchain a ainsi donné naissance à ce qu'on appelle désormais des "Smart Contracts", c'est-à-dire des contrats autonomes et intelligents qui contiennent leur propre sécurité pour chaque transaction.
La Blockchain permet dès lors de programmer ces transactions en intégrant des conditions. Dans ce cas, des tiers de confiance, aussi appelés "oracles", vont délivrer des signatures permettant de valider ces transactions si toutes les conditions sont validées. La Blockchain "menace au passage de remplacer une grande partie des tiers de confiance inventés depuis que le monde est monde : les notaires, les banquiers, les assureurs ou les comptables" analyse Jean Pouly.
A terme la Blockchain pourrait enfin permettre de faciliter la décentralisation de nombreuses tâches. En effet, "toutes les infrastructures centrales pourraient exister demain, de manière décentralisée. Pourquoi ne pas décentraliser les services financiers, ou les banquiers ?" note par exemple Gonzague Grandval. Potentiellement, cette technologie pourrait même révolutionner tout ce qui touche aux transactions comme la Banque, la Finance, l'immobilier ou encore le secteur des assurances.
Une technologie qui "pourrait également intéresser les notaires ou pour enregistrer la propriété intellectuelle" ajoute Martina Weimert, de Capgemini Consulting. "Tout le système de santé pourrait aussi passer par la Blockchain, grâce au Smart Contract" conclut-elle.
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Le Bitcoin, cible des principales critiques
Le fait que la Blockchain soit toujours dans ses balbutiements entraine toutefois de nombreuses critiques. Parmi celles-ci, le nombre de transactions, finalement très faibles et limitées à 7 par seconde. Autre, critique, le manque de sécurité quant aux données personnelles. En effet, comme rappel Christophe Van Cauwenberghe, Responsable innovation paiements et programme innovation Fintech à la Société Générale, "tout est public, ce qui est risqué dans le monde financier".
La monnaie Bictoin qui utilise la technologie de la Blockchain a par ailleurs actuellement attiré la majorité des critiques, suite à différents scandales, en particulier de blanchiment d'argent par la mafia.
La difficulté selon Gonzague Grandval est que "les législateurs l'ont tout de suite comparé à une monnaie virtuelle. Or, c'est une technologie qu'ils ne comprenaient pas. La Blockchain est, en plus, difficile à réglementer puisque c'est une technologie autonome, qui fonctionne sur un réseau d'échange peer to peer". La Blockchain devra donc encore connaître quelques évolutions avant que son utilisation ne se démocratise dans les prochaines années.