En Chine, les couples divorcent pour s'offrir un deuxième logement
Une ruse juridique permet aux jeunes mariés shanghaïens d'acquérir un deuxième bien immobilier à moindres frais, quitte à devoir divorcer et se remarier ensuite.
En Chine, divorcer ne coûte que 8 yuans (environ 1 euro)
À Shanghai, ville la plus peuplée de Chine, les couples mariés se précipitent pour divorcer. Les demandes à examiner s'entassent depuis plusieurs semaines dans l'ensemble des bureaux de l'état-civil, au point que certaines cellules auraient limité le nombre de procédures à 60 par jour explique l'agence French China à nos confrères de Slate.
Pourquoi de jeunes mariés décident-ils de se séparer, même s'ils sont toujours heureux ? Une ruse pour mieux investir dans l'immobilier. En effet, quand on est un couple de primo-accédant shanghaïens, la loi en vigueur demande une avance de 30% de la valeur du bien immobilier, ajouté à une réduction de 10% du taux d'intérêt.
Jusqu'ici tout va bien, sauf quand il s'agit d'acquérir un deuxième bien. Là, l'avance du couple doit être de 50% de la valeur, une part souvent considérable et parfois difficile à assumer. C'est ainsi qu'un grand nombre de jeunes mariés ont décidé de se séparer pour récupérer le statut de primo-accédant du seul point de vue fiscal.
Des divorces tactiques au prix de 8 yuans (environ 1 euro), qui permettent ainsi à l'un des divorcés d'acquérir un premier bien immobilier, pour la simple et bonne raison que le premier achat est alors au patrimoine de l'ex-conjoint. Une manoeuvre qui n'empêche pas les tourtereaux de se remarier une fois les transactions effectuées.
Le nombre de transactions multiplié par 2 au mois de juillet
Oui, mais, une rumeur a circulé, expliquant qu'à la date du 1er septembre 2016, la législation fiscale allait changer et que les couples divorcés seraient ainsi considérés comme toujours mariés pendant une année entière. Les files d'attente ont alors atteint des records de longueur explique le magazine Caixin.
Fin août, juste avant la date fatidique, le centre municipal des ventes immobilières à Shanghai aurait alors enregistré une moyenne d'un millier de ventes quotidiennes et aurait même finit par atteindre 1.470 biens le dernier jour révèle Franceinfo. La presse locale précise que les ventes auraient atteint près du double des transactions habituelles et par rapport au mois de juillet 2015, l'immobilier de la mégapole a progressé de 27%.
C'est sur Weibo, le premier réseau social de l'Empire du Milieu, que le bruit de la rumeur a fini par s'estomper. L'administration chinoise a publié un post pour préciser qu'aucune date butoir n'était envisagé et que la loi n'était pas prête de changer. Pourtant, ils sont quasiment toujours aussi nombreux à vouloir divorcer.
Slate va plus loin et explique que "ces 'divorces immobiliers' sont une conséquence périodique des tentatives du gouvernement chinois de lutter contre la spéculation immobilière". Le site affirme qu'en 2013, "l'instauration d'une taxe sur la revente de résidence secondaire avait causé une première vague de divorce de couples chinois, qui revendaient leur bien une fois séparés pour ne pas tomber sous le coup de la loi".