Christian Noyer veut que les banques remontent les taux des prêts immobiliers
Christian Noyer a menacé les banques d'agir si elles ne remontaient pas leurs taux d'emprunt immobilier. Selon le gouverneur de la Banque de France, ces taux, trop bas, sont à l'origine de la hausse du coût de l'immobilier en France.
Le gouverneur de la Banque de France, Christian Noyer
Les taux des crédits immobiliers sont-ils trop faibles ? C'est en tout cas l'avis du gouverneur de la Banque de France, Christian Noyer. Selon des informations rapportées par le quotidien Le Monde, dans son édition du mercredi 25 juin, M. Noyer serait même prêt à agir pour que les banques relèvent leurs tarifs.
Noyer menace les banques
Le gouverneur de la Banque de France s'est ainsi plaint directement auprès des établissements bancaires, de la faiblesse des taux des crédits immobiliers. Le niveau de ces derniers concourrait, selon Christian Noyer, à la hausse des prix des logements en France.
M. Noyer aurait, selon le quotidien, décidé de rappeler à l'ordre les banquiers contre les pratiques de dumping en matière de crédit immobilier. Le gouverneur de la Banque de France aurait menacé d'agir s'ils ne relevaient pas leurs tarifs, lors d'une réunion avec la Fédération bancaire française (FBF) début juin.
« Vous avez les taux les plus bas d'Europe, vous êtes les banques qui prêtez le moins cher sur toute la zone euro; ce n'est pas une situation acceptable ! », aurait prévenu M. Noyer.
Des taux trop faibles participent à une hausse des prix de l'immobilier
Dans la théorie, des taux d'intérêt faibles permettent aux acquéreurs d'accéder plus facilement à la propriété, en diminuant le coût de leur crédit. Problème, la baisse des taux peut aussi se traduire, par un effet d'anticipation, à une hausse des prix des logements.
Ce n'est donc pas une nouveauté. Cet argument a déjà été fréquemment relayé par les sociétés immobilières et les médias. Dans une période, où les taux sont relativement bas, et même historiquement bas comme c'est le cas aujourd'hui, les vendeurs anticipent ainsi une hausse de la demande et donc une potentielle plus-value à la revente.
Pour lutter contre ce phénomène, Christian Noyer souhaiterait que les taux des crédits soient relevés par les banques. Or, la baisse des taux a permis avant tout aux banques, en rognant sur leurs marges, d'attirer de nouveaux clients qui domicilient leurs revenus à la suite d'un emprunt immobilier. Les primo-accédants représentant leur cible commerciale la plus intéressante.
Autre argument défendu par le gouverneur de la Banque de France, en maintenant des taux faibles et donc des marges limitées, les banques limitent leur rentabilité future, ce qui constitue un risque pour leur bilan.
Une situation alarmante ?
Alors que les taux atteignent leur plus bas niveau historique, les signaux d'alerte se multiplient ces dernières semaines sur le marché de l'immobilier, depuis que le FMI a tiré la sonnette d'alarme début juin, concernant une possible bulle immobilière en France.
Selon l'institution le ratio entre les prix de l'immobilier et les salaires des ménages français est supérieur de 28,6% à la moyenne observée depuis 2000.
L'étude révélée le 17 juin par le Crédit Foncier, démontre quant à elle que la dette immobilière des ménages ne cesse ainsi de s'accroitre ; les Français sont désormais sur la troisième place du podium européen des ménages les plus endettés.
L'étude du cabinet Deloitte est-elle venue confirmer, il y a quelques jours, que l'immobilier français est l'un des plus chers d'Europe et les plus inabordables (2e d'Europe).