Conso : comment les Européens réagissent-ils face à la crise ?
Une étude de Cetelem a tenté d'analyser la perception et les réactions des Européens face aux crises actuelles. Explications.
Les temps sont durs. Les crises successives ont mis à rude épreuve le moral des Européens. Ce que le président Français, Emmanuel Macron, a décrit comme la « fin de l'abondance » s'est traduit par des difficultés d'approvisionnement en matières premières, gaz ou électricité tandis que la croissance mondiale est passée de 6 % en 2021 à 3,2 % en 2022 et peut-être 2,7 % en 2023.
Dans ce contexte, les inquiétudes sont donc légitimes. Dans son étude, Cetelem détaille les principales sources d'inquiétudes des Européens.
Les populations européennes démoralisées
Il est vrai que la crise n'a pas frappé toute l'Europe de la même manière. Pourtant, l'étude semble indiquer que les Européens sont globalement pessimistes concernant la situation de leurs pays respectifs.
Lorsqu'on leur demande de décrire la situation de leur pays et d'évaluer leur situation personnelle sur une échelle de 1 à 10, les résultats sont globalement en baisse. Ainsi, on trouve une note moyenne de 4,9 pour la situation du pays (-0,5 points par rapport à 2022)et 5,8 pour la situation personnelle (-0,4 pts).
En France, on observe une perception du pays dans moyenne européenne, 5 points (-0,4 vs 2022) et une confiance qui reste relativement élevée en ce qui concerne la situation personnelle, 6 pts (-0,3).
L'inflation, crainte numéro 1
Dans le détail, c'est bien l'inflation qui inquiète les populations. Pour 9 européens sur 10, la hausse des prix est une réalité constatée. 7 sur 10 estiment que les prix ont nettement augmenté lors de 12 derniers mois. Un ressenti qui peut s'appliquer à l'ensemble des 14 pays de l'étude.
La France, avec le Royaume-Uni, a le ressenti le plus faible sur la hausse des prix : ils sont 60% à exprimer ce sentiment, soit 10 points en dessous de la moyenne... sans doute en raison d'un taux d'inflation bien inférieur (7,1% en France ; 9,6% au Royaume-Uni*) à celui de la zone euro (11,5%1) dû en grande partie au bouclier tarifaire mis en place par les gouvernements
Moins de pouvoir d'achat et moins d'épargne
Tandis que l'inflation monte, le sentiment d'une baisse de pouvoir d'achat grandit. Plus d'un européen sur 2 estiment que son pouvoir d'achat a baissé lors des 12 derniers mois, un résultat en augmentation de 19 points en moyenne par rapport à l'an dernier.
De même, les intentions d'épargne (51 %), reculent en moyenne de 0,3 point par rapport à 2022 avec seulement 1/3 des 15 pays sondés affichant une volonté d'épargner en hausse : Allemagne (59%, + 7 points), Autriche (61%, + 2 points), Roumanie (65%, + 2 points), Pologne (57%, + 1 point) et Slovaquie (27%, + 1 point). Dans 7 pays, la volonté d'épargner est en baisse, avec des reculs proches de 10 points comme en Espagne (49%, - 9 points), en Italie (42%, - 9 points), en Suède (60%, - 9 points) et au Royaume-Uni (55%, - 8 points). Dans ces pays, l'heure n'est plus à la constitution d'un bas de laine, mais plutôt à faire face à une progression spectaculaire des prix alimentaires, comme en Espagne, ou à l'augmentation astronomique des factures d'énergie, tel au Royaume-Uni.
Les Européens préfèrent anticiper
Face à cette situation, les Européens ont toujours envie de dépenser (51 %, -1point vs 2022), mais le nombre de personnes qui ne souhaitent pas dépenser ou épargner augmente également (1 européen sur 4, +3 points).
Les résultats mettent en exergue une consommation contrainte où les dépenses portent sur ce qui est nécessaire et indispensable à la vie quotidienne, quand bien même les prix augmentent. Le niveau réel de consommation, après une année de rebond post-Covid en 2022 (+3,3 % au niveau européen), stagnera en 2023 (0,1%) sous cet effet de contrainte.