La Corse n'est pas prête à accorder davantage de logements aux non-résidents
Dans un contexte de hausse des prix, le combat se poursuit autour du statut de résident en Corse. Les nationalistes souhaitent évincer les continentaux.
Se calquer sur le modèle suisse, voilà le nouvel objectif des nationalistes Corses. Un statut de résident pourrait entrer en vigueur prochainement La raison ? Lutter contre la hausse des prix de la pierre. Malgré leur revendication soumise au Président de la République, Emmanuel Macron, ce dernier ne semble pas partager leur avis. Il déclare : « Ce n'est pas la solution ». Toutefois, il souligne la difficulté pour un grand nombre de Corses de se loger décemment.
Mais quelle est réellement la mesure souhaitée par Corsica Libera ? Seuls les résidents Corses y habitant depuis au moins cinq ans pourront acheter un bien immobilier ou un terrain. Cette mesure est censée limiter, voire stopper l'augmentation des prix immobilier sur l'Ile de Beauté.
Toutefois, les avis divergent totalement. MeilleursAgents parle davantage d'une baisse des prix de plus de 5% depuis une dizaine d'années. A ce jour, le m² avoisinerait les 3000 euros. A l'inverse, le gouvernement annonce que le prix moyen des maisons a flambé de plus de 31% depuis dix ans, pour culminer à 1648 euros du m².
Un choix radical parfaitement assumé
Faites entrer l'accusé : ce sont les riches continentaux. Cibles prioritaires des nationalistes et désignés comme responsables de cette hausses des prix, les habitants de la France métropolitaine et Européens se sont vu avertis d'expropriation de leur bien s'ils ne respectent pas les directives de Corsica Libera. Le groupe nationaliste déclare : «Nous demandons à l'ensemble des professionnels intervenant dans le secteur de l'immobilier d'informer les candidats acheteurs non-résidents du caractère extrêmement risqué de l'acquisition projetée, et ce conformément à leur devoir de conseil». Le décor est planté.
Un objectif est clair, réduire la part des résidents secondaires sur le sol Corse. Nous constatons une hausse du nombre de résidences secondaires sur l'Ile de Beauté depuis 20 ans. 59 021 en 1999, on en compte aujourd'hui 88 174 d'après l'Insee. Ce statut de résident permettrait donc de réduire le nombre de résidences secondaires détenues par les continentaux. Cependant, aucun chiffre précis n'est avancé sur la répartition entre les Continentaux et les Corses. L'idée du statut résidentiel ne date pas d'hier, et le gouvernement d'Emmanuel Macron n'est pas le premier à avoir été sollicité par les nationalistes Corses. Le gouvernement précédent invoquait le manquement au droit à la propriété. De plus, cela limiterait le choix de l'acquéreur pour le vendeur.
La difficulté des Corses à se loger restent un argument de poids pour Corsica Libera. En témoignent l'augmentation considérable de la population de villes comme Porto Vecchio ou l'Ile-Rousse l'été, mais l'hiver venu, elles se désertifient.
Afin d'entrer en vigueur, cette revendication des nationalistes nécessite l'insertion d'un article spécifique à la Corse dans la constitution. Un vote au Parlement et une majorité des trois cinquièmes est obligatoire.
Des dérogations de ce type ont déjà vu le jour, comme pour la question des droits de succession. De surcroît, depuis 1801, les héritiers de biens immobiliers en Corse ne paient que la moitié de la valeur estimée du logement. Cet avantage fiscal restera en vigueur au moins jusqu'au 31 décembre 2027.