Crédit immobilier : le gouverneur de la Banque de France dénonce des dérives en 2019
Après avoir mis en garde les banques face à une éventuelle « surchauffe » du crédit immobilier en fin d'année dernière, le patron de la Banque de France est une nouvelle fois monté au créneau afin de sommer les banques d'être moins généreuses dans l'octroi de crédit immobilier.
À ceux qui se demandent si 2020 sera une année aussi fructueuse que 2019 en matière de crédit immobilier, la Banque de France vient surement d'offrir un premier élément de réponse.
En effet, le 20 décembre, le Haut Conseil de Stabilité Financière (HCSF), présidé par le ministre de l'Économie et des Finances, Bruno Le Maire, publiait officiellement ses recommandations afin d'éviter une surchauffe du crédit immobilier.
Pour rappel, l'année 2019 fut une année exceptionnelle en termes d'octroi de crédit immobilier. Boosté par un environnement de taux immobilier historiquement bas, les emprunteurs ont pu profiter de la baisse de rentabilité des banques pour négocier ou renégocier leur emprunt au meilleur taux. Cela s'est traduit par une augmentation de 7 % des crédits immobiliers sur l'année écoulée.
François Villeroy de Galhau met en garde les banques
Ainsi, lors de ses traditionnels voeux de début d'année - qui se sont déroulés le mardi 14 janvier - le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau a pu alerter une nouvelle fois face aux dangers potentiels qui peuvent découler de l'octroi massif de crédit immobilier.
Lors de son allocution, le patron de la Banque de France n'a d'ailleurs pas mâché ses mots, évoquant notamment des « dérives », tout en expliquant que "des comportements doivent changer, vite ».
Devant une assemblée composée en majorité de banquiers, il n'a pas hésité à mettre les banques devant leurs responsabilités : « l'adaptation à l'environnement de taux bas passe par une vigilance accrue en matière de qualité et de tarification des crédits ».
Par ailleurs, il a également tiré la sonnette d'alarme en détaillant que « L'adaptation à l'environnement de taux bas passe par une vigilance accrue en matière de qualité et de tarification des crédits ». Derrière ses propos, l'idée sous-jacente reste que face à une rentabilité toujours plus faible pour les banques, le risque d'une bulle immobilière augmente, pouvant mener à une nouvelle crise.
Éviter une « surcharge en capital »
Dans ses recommandations du mois le décembre, le HCSF, dont fait partie le gouverneur de la Banque de France, a ainsi incité les banques à ce que le crédit immobilier soit strictement plafonné à 33 % des revenus des ménages avec une durée n'excédant pas les 25 ans.
Selon François Villeroy de Galhau, cette recommandation doit s'appliquer « à tous les nouveaux prêts déposés depuis ce mois de janvier. ». Sans cela, la Banque de France envisagerait une surcharge en capital. Une solution que le gouverneur semble vouloir éviter.
Pour rappel, cette disposition oblige les banques à disposer d'un capital suffisant afin que les États ne soient pas obligés de leur venir en aide en cas de crise. Elle fut mise en place par les directives européennes après la crise de 2008 et durcie ainsi les exigences de fonds propres pour les établissements dont la faillite provoquerait un risque systémique global.
Un modèle encore sain
Malgré ces multiples alertes, François Villeroy de Galhau a également tenu à offrir des perspectives. Il a notamment tenu à « rendre hommage à la qualité et à la solidité des institutions financières, parmi les meilleures d'Europe, et qui ont accompli ces dernières années un chemin considérable ». Pour étayer son propos, il a mis en avant les efforts de digitalisation que réalisent la plupart des établissements bancaires.
Il a également appelé de ses voeux la mise en place d'un marché financier unique qui selon lui serait propice « aux consolidations transfrontalières ». Cela étant, il a néanmoins regretté qu'il n'y ait toujours pas d'avancées notables sur le sujet pour l'instant.