Cryptomonnaie : déjà des turbulences pour le Libra
Depuis l'annonce de son lancement, en juin dernier, le Libra ne laisse personne indifférent. Pourtant, la monnaie virtuelle de Facebook serait encore loin d'arriver sur le marché.
Comme c'est souvent le cas avec les projets potentiellement novateurs, ils ne font pas l'unanimité. À cet égard, le cas du Libra semble particulièrement éloquent. Depuis l'annonce de son lancement, la monnaie virtuelle de Facebook doit faire face à tout un tas de critiques, notamment de la part des États, soucieux de préserver leur souveraineté monétaire.
De plus, l'arrivée d'un tel concurrent, fort de ses quelque 2 milliards d'usagers, pourrait bien représenter une concurrence insurmontable pour les acteurs traditionnels de la banque aussi bien que pour une banque en ligne ou une néo-banque, peu importe les différents services financiers de la banque en ligne.
Face à cela, le géant américain pouvait jusqu'alors compter sur le soutien de nombreuses entreprises qui ont accepté de se lancer dans l'aventure au côté de la firme de Mark Zuckerberg. Parmi elles, des entreprises comme Uber, PayPal, Visa ou Spotify. Un soutien qui ne semble plus si évident aujourd'hui.
Des rumeurs de désistement parmi les soutiens de Libra
En effet, selon les informations du Financial Times, certaines entreprises seraient désormais beaucoup moins disposées à rejoindre l'aventure Libra.
Même si pour le moment, aucune information n'a filtré concernant l'identité des partenaires concernés, le média britannique annonce qu'au moins deux d'entre eux auraient émis des profondes réserves concernant la pérennité du projet.
Elles reprocheraient notamment à Facebook de ne pas avoir pris suffisamment en compte la réglementation et les réactions potentiellement hostiles de certaines instances : "Certaines de ces conversations [sur la réglementation] auraient dû avoir lieu avant le lancement, pour comprendre comment les autorités de régulation réfléchiraient à cela, pour éviter qu'il y ait autant de réactions hostiles", aurait expliqué un partenaire.
Certains redoutent par ailleurs que la mauvaise réputation de la future « stable coin » puisse rejaillir négativement sur leur propre entreprise. Une situation qui pourrait vite se révéler insoluble pour Facebook d'autant que pour le moment seul Facebook via sa filiale Calibra ont versé les 10 millions de dollars nécessaires à une participation formelle. Les autres entreprises seraient liés à la monnaie virtuelle uniquement via une lettre d'intention, de fait non contraignante.
Sous la pression constante des instances
Dans l'oeil du cyclone, le Libra doit également composer avec des instances internationales toujours plus sceptiques. Certains considèrent que la cryptomonnaie pourrait être une menace la stabilité monétaire internationale.
Hier, l'un des membres du directoire de la Banque centrale européenne (BCE), Yves Mersch, a consacré son discours d'ouverture de la conférence sur les enjeux juridiques au sein de l'Eurosystème (les banques centrales des pays de l'UE ayant adopté l'euro) du Libra.
Il insistait notamment sur les risques que pourrait représenter le Libra pour l'euro : « En fonction du degré d'acceptation du Libra et de l'indexation de l'euro dans son panier de réserve, cela pourrait limiter le pouvoir de contrôle de la BCE sur l'euro, perturber le mécanisme de transmission de la politique monétaire en affectant la position des banques de la zone euro en matière de liquidités et saper le rôle international de la monnaie unique, par exemple en en réduisant la demande ».
Enfin, l'arrivée de la cryptomonnaie Facebookienne pourrait également représenter un véritable enjeu au niveau de confidentialité et la sécurisation des données. Une preuve supplémentaire que le lancement de la monnaie virtuelle sera décidemment un chemin semé d'embuches.