Les derniers travaux de la Sagrada Familia remettent les polémiques immobilières sur le devant de la scène
Les six dernières tours qui doivent venir couronner l'édifice religieux en construction depuis plus d'un siècle, font ressurgir un passé administratif et fiscal qui peine à se mettre à jour.
En construction depuis 134 ans, la Sagrada Familia a encore 10 années de chantier devant elle
134 années de chantier et toujours pas vraiment de permis de construire. Il est là, le paradoxe de la Sagrada Familia. La basilique inachevée dans le coeur de Barcelone doit faire face à une série de problèmes administratifs et fiscaux qui lui collent à la peau depuis bien longtemps.
La presse espagnole a ainsi révélé que la construction du joyau de l'architecte Antoni Gaudi repose sur une demande de permis adressée à la commune de Sant Marti de Provençals, 12 ans avant son rattachement administratif à la ville de Barcelone. C'est ainsi que le monument contourne les règles d'urbanisme de la capitale catalane.
Attention, aucune intention malvenue n'est à déplorer dans cette démarche, l'architecte en chef du monument affirmant même être prêt à faire bouger les choses. Son seul souhait est de rester fidèle à la demande d'origine, afin que les travaux à venir n'entre pas dans le cadre de la construction d'un nouveau bâtiment.
Pour suivre ces prochains grands chantiers, Le Figaro précise aussi que le Conseil municipal de Barcelone a annoncé la création d'une Commission de la qualité architecturale spécialement dédiée à la Sagrada Familia.
"Prête à payer les taxes"
Les représentants désignés de la basilique auront ainsi pour mission d'expliquer aux autorités le procédé de construction des six dernières tours du bâtiment. Construites aux abords de la ville avant d'être assemblées sur place, celles-ci doivent représenter respectivement Jésus Christ (172,5 mètres de haut), la Vierge Marie (140 mètres) et les quatre évangélistes (135 mètres chacune).
Parallèlement à cette question administrative, la mairie aurait fait savoir qu'elle comptait mettre fin à une situation fiscale étonnante. En effet, l'édifice religieux n'a payé aucun impôt depuis la pose de sa première pierre.
Aucun problème pour le président de la fondation Sagrada Familia, qui a confié au journal La Vanguardia que la basilique était tout à fait "prête à payer les taxes qui sont dues d'après la loi", sans préciser par ailleurs qu'il s'agit de droits liés aux permis de construire ou de taxe foncière. Le Figaro rappelle qu'en France, tous les bâtiments de culte sont exemptés de cette dernière taxe.
Autant de polémiques qui ternissent de jour en jour un projet architectural unique. Parallèlement à ces questions administratives, beaucoup d'intellectuels et d'architectes catalans dénoncent un projet infidèle à la vision de Gaudi et la grogne monte aussi du côté des riverains.
D'ici dix ans en effet, un bloc d'immeubles devrait être rasé pour permettre la construction d'une imposante rampe d'accès à l'édifice imaginé par l'architecte représentant du modernisme catalan. Ultime combat pour la basilique ?
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