Digital : l'Europe en retard sur les Etats-Unis
Selon le cabinet de conseil MacKinsey, l'écart se creuse sur la digitalisation de l'économie entre l'Europe et les Etats-Unis. Sur une échelle de 0 à 100, l'Europe est à 12 et les Etats-Unis à 18.
Les marges des banques sont menacées par l'arrivée massive de start-up innovantes.
Sur une échelle de 0 à 100 observant la numérisation de l'économie, les Etats-Unis seraient aujourd'hui largement en avance sur la France et l'Europe (18 à 12). C'est le constat émis par l'étude du cabinet de conseils McKinsey, présentée jeudi matin au Viva Technology.
McKinsey a passé au peigne fin tous les secteurs de l'économie de 6 pays européens (Royaume-Uni, France, Pays-Bas, Suède, Allemagne et Italie) afin de les comparer à ceux américains. Il a ensuite analysé l'état de secteurs comme l'agriculture, l'éducation, l'immobilier ou encore la finance, pour évaluer leur degré de numérisation.
Une évolution différente au niveau européen
Des disparités sont observées entre les pays européens. Au Royaume-Uni (indice de 17), le niveau de digitalisation se rapproche de celui des Etats-Unis, quand celui de la France est dans la moyenne européenne (indice 12) juste au-dessus de l'Allemagne et de l'Italie (10). La Suède et les Pays-Bas restent eux supérieurs à la moyenne européenne avec un indice de 15. "L'étude met en lumière les avancées réalisées en Europe : des hubs ont émergé et treize des quinze pays les plus connectés dans le monde sont européens", note pour Les Echos, Eric Hazan, directeur associé senior chez McKinsey France, en charge du pôle digital.
"Mais il existe encore un fort potentiel inexploité. Le mouvement mondial s'accélère, nous sommes à un point de basculement. Il est donc indispensable, pour les individus, les entreprises et les Etats, d'y être préparés, d'autant que la frontière digitale est mouvante", ajoute Eric Hazan. Ainsi, le cabinet de conseils a calculé qu'avec davantage d'investissements dans de nouvelles technologies clefs, l'Europe pourrait générer 2.500 milliards d'euros de PIB supplémentaires d'ici 2020.
L'écart entre les Etats-Unis et l'Europe se caractérise également par le déficit commercial européen en matière de numérique. La balance commerciale de tous les pays européens est négative vis-à-vis des Etats-Unis au niveau de services numériques. Ainsi, elle est de -5,6% pour l'Union Européenne, mais de -11,4% pour le Royaume-Uni et -5,2% pour la France.
Néanmoins, l'Europe s'est lancée dans le développement de certaines technologies innovantes, comme le Big Data. Le Vieux Continent en génère aujourd'hui 32% des revenus mondiaux, ce qui représente un motif d'espoir. On peut également ajouter ici l'Internet des objets (objets connectés) qui représente 21% des revenus mondiaux.
Le débat de l'impact sur le marché du travail
C'est la grande question de ce phénomène de numérisation de l'économie. "Chaque révolution industrielle a été créatrice d'emplois, et rien n'indique pour l'heure que celle-ci ne le sera pas. Auparavant, les sociétés avaient trente à cinquante ans pour s'adapter. Aujourd'hui, c'est nettement moins", explique Eric Hazan.
"La vraie question, c'est celle de la vitesse de la transition et donc de l'agilité des économies et des sociétés". Selon McKinsey, 10% à 15% des emplois devraient être déplacés entre 2015 et 2025, un mouvement dû à l'automatisation de 44% des tâches.
Le secteur de la banque fragilisé
Le secteur bancaire est l'un des plus digitalisé jusqu'à présent en Europe. En effet, la plupart des consommateurs européens consultent déjà leurs comptes en ligne ou effectuent des virements sur Internet. Ainsi, le nombre de Français qui se sont rendus dans leur agence bancaire au moins une fois par mois a chuté de 30%, au cours des cinq dernières années, symbole de cette évolution.
Néanmoins, les marges des banques sont menacées par l'arrivée massive de start-up innovantes, bousculant les modèles bancaires des "pure-players". Selon McKinsey, les marges du secteur dans le domaine des services aux particuliers, pourraient être réduites de 60% d'ici 2025, sous la pression des fintechs.