[Dossier : La France face aux enjeux de la cryptomonnaie] 3 sur 4 : des cryptomonnaies françaises et des applications potentiellement novatrices
Depuis l'annonce du lancement du Libra, la cryptomonnaie de Facebook, les monnaies virtuelles se retrouvent au coeur de l'actualité. Une question revient d'ailleurs souvent : quelle sera la réaction des États ? Boursedescredits.com vous propose un dossier intitulé « La France face aux enjeux de la cryptomonnaie ». Troisième volet aujourd'hui.
Nous l'évoquions la semaine dernière, la France possède un vivier de talent intéressant dans le domaine de la cryptomonnaie et de la technologie Blockchain. Peu à peu, des cryptomonnaies « Made in France » émergent, avec l'ambition de se faire une place dans le monde impitoyable des monnaies virtuelles.
D'ailleurs, le secteur privé français n'est pas le seul à réfléchir à des applications potentiellement novatrices pour la technologie Blockchain. L'État lui-même tente de s'en emparer avec pour but de promouvoir directement cette technologie. Pour cela, le gouvernement envisage fortement d'utiliser la Blockchain à travers des événements mondiaux afin de lui offrir une caisse de résonnance internationale. C'est tout l'enjeu de l'épisode d'aujourd'hui.
L'avènement de cryptomonnaies « Made In France »
À l'heure actuelle, plusieurs entrepreneurs français se lancent dans l'aventure de la cryptomonnaie. Ils sont nombreux à proposer des modèles de cryptomonnaies avec différents objectifs. Mieux, les acteurs français tentent d'offrir des modèles particulièrement novateurs.
En premier lieu, on peut citer la cryptomonnaie baptisée ARK. Cette cryptomonnaie française, crée dès septembre 2016, est à l'heure actuelle, la première monnaie virtuelle hexagonale. Elle est composée d'une équipe internationale et se présente aujourd'hui sous la forme d'une société collaborative. Dans ce modèle d'organisation, 52,5% des actifs générés sont alloués au développement du projet.
Son but, simplifier la Blockchain et permettre les interconnexions entre elles. Ark entend également démocratiser la Blockchain. 23 personnes travaillent ainsi sur son développement un peu partout à travers le globe (dans une douzaine de pays). Par ailleurs, la technologie Blockchain de « Ark ecosystem » est jusqu'à 60 fois plus rapide que celle du Bitcoin. Avec une création de bloc toutes les 8 secondes, elle figure parmi les plus rapides du marché. Malgré des difficultés lors de son lancement, la société, installée à Villeneuve-sous-Pymont dans le Jura, peut aujourd'hui se targuer d'être la 6ème cryptomonnaie mondiale la plus rentable de tous les temps avec une capitalisation à hauteur de 300 millions d'euros.
La réussite de Ark n'est pas la seule. En effet, plusieurs projets naissent un peu partout dans l'Hexagone. Parmi eux, on peut par exemple citer Talao, qui permet aux professionnels de certifier leur expérience professionnelle via la Blockchain avec au coeur du service le jeton Talao.
Lancée en 2017 par Domraider, une entreprise basée à Clermont-Ferrand, la cryptomonnaie DRT, utilisable sur la plateforme Blockchain Auctionity, offre un service décentralisé permettant la gestion d'enchères en temps réel.
Enfin, Paypite et son jeton le « Yes » se veut être la première cryptomonnaie dédiée entièrement aux francophones. Elle ambitionne notamment d'offrir une solution intéressante aux pays moins bancarisés.
Les JO 2024, une expérimentation grandeur nature pour la cryptomonnaie ?
Plus encore que toutes ces initiatives privées, l'État lui-même semble réfléchir à des applications concrètes pour les monnaies virtuelles à travers une technologie Blockchain qui offre de nombreuses opportunités.
Dans son rapport sur les cryptoactifs, l'ancien gouverneur de la Banque de France, Jean-Pierre Landau, appelle les pouvoirs publics à « promouvoir plus directement la Blockchain » afin d'en saisir toutes les potentialités. Dans cet optique, les Jeux olympiques de Paris en 2024 sont désignés comme étant un terrain d'expérimentation parfait pour la Blockchain. Il suggère, par exemple, qu'une partie de la billetterie pourrait être digitalisée via cette technologie :
« Les 'tokens' (jetons, NDLR) donnant accès à cette cérémonie seraient émis sur une blockchain au bénéfice des personnes ayant contribué à la préparation et à l'organisation d'événements populaires autour des jeux, propose-t-il. Ces tokens pourraient être ensuite échangés de manière transparente sur cette même blockchain, sécurisant ainsi les transactions et réduisant d'autant les risques liés à la revente au marché noir, à la contrefaçon ainsi qu'à la fraude".
D'ailleurs, cette année, la 106e édition du Tour de France, qui se déroule en ce moment, est également un terrain d'expérimentation pour la Blockchain. Lors de la « Grande Boucle », troisième évènement sportif le plus suivi au monde, l'agence nationale des fréquences (ANFR) se sert de la technologie Blockchain pour gérer les fréquences dites « libres » dans les zones non couvertes par la 4G, et ainsi assurer la meilleure diffusion possible de l'événement.
@anfr présente sur le #tourdefrance2019
Les organisateurs ont ainsi directement collaboré avec une start-up tricolore spécialisée Blockchain Patner : « Le Tour de France, c'est notre premier test grandeur nature avec la blockchain. En parallèle, le dispositif habituel sera aussi déployé au cas où », explique Gilles Bregant. « On a créé une blockchain privée s'appuyant sur Ethereum et une plate-forme qui sera utilisable par les sociétés voulant utiliser les fréquences libres lors de grands événements comme le Tour de France, mais aussi lors de manifestations plus modestes », précise aux Échos Clément Jeanneau, cofondateur de Blockchain Partner.
À plusieurs niveaux, le gouvernement envisage donc de promouvoir les cryptomonnaies à travers des évènements mais également des actions civiques. Ainsi, des jetons pourraient être attribués à des habitants de grandes villes qui réaliseraient des actions volontaires de nettoyage. Ils pourraient ainsi réutiliser ces jetons dans de nombreux services comme la location de vélos ou de voitures en libre-service.