À l'échelle européenne, les épargnants français sont bien protégés de l'inflation
Un nombre croissant d'épargnants se plaignent de la rémunération de plus en plus faible permise par le livret A en France. Publiée mardi, une étude comparative menée à partir des données de la BCE a démontré que les Français ont un compte d'épargne rémunéré les protégeant plus de l'inflation par rapport aux voisins européens.
Le taux de rémunération réel des dépôts d'épargne français est de -0,81% contre -1,06% en moyenne pour les treize pays de la zone euro étudiés.
Depuis le 1er août 2015, le taux de rémunération du livret A est fixé à 0,75%, le plus bas jamais atteint. Ce taux historiquement faible devrait perdurer jusqu'à 2020 comme l'a annoncé le gouvernement d'Edouard Philippe à la rentrée afin d'envisager une réforme de ce taux autrefois révisé de manière semestrielle pour l'indexer sur la hausse des prix.
Alors que la collecte nette du livret A a légèrement baissé en février (276,4 milliards d'euros) et que l'inflation commence à se faire progressivement ressentir, les critiques fusent à l'encontre des rendements de l'épargne jugés trop bas. Pourtant, à en croire une récente étude, comparée à la situation de 13 autres pays de la zone euro dans ce domaine, celle des épargnants français est à relativiser.
Une généralisation de la perte de pouvoir d'achat sur les dépôts d'épargne
En effet, l'étude qui a pris en compte les taux nominaux mais aussi ceux réels, c'est-à-dire avec considération de l'inflation, a établi que le taux de rendement moyen des dépôts d'épargne des pays concernés était de -1,06% : pour tous, ce chiffre est même négatif. Le pire cas est celui de la Lettonie, dernier pays à avoir adopté l'euro (en 2014), où ce taux atteint plus de -3%.
Comparativement, celui français est de -0,81% grâce notamment à une multitude de dépôts d'épargne qui ont calqué le taux de rémunération du livret A classique. Parmi ceux-ci, se trouvent notamment les livrets d'épargne populaire, les livrets ordinaires mais aussi les Livrets de Développement Durable et Solidaire (LDDS) qui ont rapporté plus de 100 milliards d'euros en février dernier.
C'est en Italie que la valeur des placements sur ces dépôts d'épargne baissera le moins cette année avec un taux de rendement réel à peine en dessous de 0 (seulement -0,05%). Cependant, ceci ne doit pas dissimuler la réalité de la conjoncture économique italienne. Un tel taux est uniquement possible parce que les banques, en besoin de financements, sont contraintes de rehausser les taux de rémunération qu'elles proposent afin d'attirer des clients. Malgré une absence de données les concernant, cette hypothèse est également valable pour d'autres pays d'Europe du Sud, en particulier l'Espagne et le Portugal.
Aujourd'hui, le ministre de l'Économie et des Finances, Bruno Le Maire, a d'ailleurs évoqué aujourd'hui la possibilité de mettre en place un taux plancher de rémunération du livret A à hauteur de 0,5%, ce qui affaiblirait encore plus le rendement de ce placement.
