Election présidentielle : le programme logement de Jean-Luc Mélenchon
A quelques jours du premier tour des élections présidentielles, BoursedesCrédits est allé à la rencontre des candidats. La question du logement n'a été que peu abordée dans la campagne. Focus sur le programme du candidat Jean-Luc Mélenchon avec Charlotte Girard, co-responsable du programme de la France Insoumise.
Un plan de 100 milliards pour financer en priorité la construction de logements sociaux et la rénovation énergétique des logements existants.
BoursedesCrédits : Quelle est votre vision de la politique du logement menée lors du quinquennat de François Hollande ?
Charlotte Girard : La situation de crise du logement est réelle et inacceptable : 150 000 personnes sont sans domicile propre – dont 30 000 enfants – et près de 500 000 sont hébergées de façon contrainte chez un tiers.
Même pour celles et ceux qui ont un logement, l'effort financier est souvent considérable : un tiers du revenu pour les ménages locataires du parc privé, un quart pour les accédants à la propriété et plus de la moitié pour les plus modestes d'entre nous. Cela entraine évidemment de nombreuses situations de mal logement, du surpeuplement aux logements insalubres.
Cette situation provient à la fois de la spéculation qui a considérablement renchéri les prix et d'un manque de construction neuves et abordables pendant de nombreuses années.
Comment décririez-vous votre politique/vision du logement ?
C.G. : Le droit au logement est fondamental pour accéder à d'autres aspects de l'existence : emploi, vie sociale et familiale etc.
C'est pourquoi, le programme de la France insoumise prévoit que le droit au logement soit inscrit dans la constitution de la VIème République, au même niveau que le droit de propriété. Cette mesure, loin d'être seulement symbolique, justifierait l'interdiction des expulsions sans relogement ainsi que la création d'une garantie universelle des loyers.
Maintiendrez-vous la loi Alur et l'encadrement de loyers ? Pourquoi ?
C.G. : Nous maintiendrons et renforcerons le dispositif d'encadrement des loyers afin de cesser le phénomène de spéculation immobilière. Nous proposons de le faire autour du loyer médian dans les zones normales et en imposant une décote de 20 % au loyer médian dans les zones très tendues. Cet encadrement devra être contrôlé par la puissance publique avant la mise en location. Nous plafonnerons également les loyers dans le secteur HLM pour ne pas dépasser 20 % du revenu des ménages. Nous généraliserons enfin les mesures du type clauses anti-spéculatives et les chartes promoteurs, expérimentées par certaines communes (Montreuil, Bagneux, Ivry, Fontenay-sous-Bois, Saint-Denis, etc.), qui permettent d'encadrer les prix à la vente.
Par ailleurs, notre plan de construction de logement permettra de mettre fin à la tension du marché immobilier dont profitent certains propriétaires pour pratiquer des loyers prohibitifs.
Allez-vous poursuivre la politique d'incitation à l'investissement locatif ? Maintiendrez-vous le dispositif Pinel ? Pourquoi ?
C.G. : Le dispositif de défiscalisation dit "Pinel" n'a pas permis de régler la crise du logement. Cela a même augmenté les spéculations immobilières comme à Saint-Gaudens par exemple. Nous supprimerons donc ce dispositif, comme toutes les aides fiscales à l'investissement locatif privé et nous utiliserons les recettes fiscales ainsi conservées pour financer le plan de construction de logements ci-dessous mentionné.
Faut-il revoir les aides à la pierre ?
C.G. : Nous proposons un retour massif de l'aide à la pierre de l'Etat - passée de près d'un milliard d'euros par an à 200 millions sous les gouvernements de Sarkozy puis Hollande - qui permettra de baisser les loyers des logements sociaux.
Quels seront vos objectifs sur le logement social ?
C.G. : Nous proposons également la construction de 200 000 logements publics neufs par an. C'est indispensable pour loger ceux qui en ont le plus besoin à des prix qui correspondent à leur niveau de revenu ainsi que pour lutter contre les processus de ségrégation qui tendent à exclure les classes populaires des métropoles.
Quelles évolutions accorderez-vous à la loi SRU ?
C.G. : L'Etat doit être le garant du droit au logement et donc contraindre les territoires qui refusent de produire assez de logements publics. Cela passe par une application plus stricte de la loi SRU c'est-à-dire l'augmentation des amendes et la reprise par le préfet des permis de construire pour les communes réfractaires.
Estimez-vous suffisantes les mesures actuelles sur la rénovation énergétique ?
C.G. : La qualité des logements est un enjeu essentiel, tant du point de vue de la qualité de vie, et notamment des ménages en situation de précarité énergétique, que de la transition écologique. C'est pourquoi nous voulons que les logements publics neufs soient au maximum des normes énergétiques. Nous voulons d'autre part engager un plan de rénovation énergétique massif, à la fois du parc public et du parc privé avec l'objectif d'isolation de 700 000 logements par an.
Quelle est votre position sur la réglementation des plateformes de locations saisonnières ?
C.G. : La réglementation sur ces plateformes doit être renforcée, notamment pour éviter qu'elles échappent à la fiscalité et qu'elles constituent une concurrence déloyale aux hôteliers.
Si M. Mélenchon est élu, quelles seront ses premières mesures sur le logement ?
C.G. : Le plan d'investissement de 100 milliards prévu en tout début de mandat financera en priorité la construction de logements sociaux et la rénovation énergétique des logements existants.