Épargne : Bruno Le Maire justifie la baisse du livret A
En février prochain, le taux de rémunération du livret A baissera à 0,50 % contre 0,75 % actuellement. Ce mercredi, Bruno Le Maire a justifié ce choix lors d'un colloque sur l'épargne organisé par la Caisse des dépôts.
Le ministre de l'Économie et des Finances s'est exprimé, ce mercredi, en faveur de la baisse du taux de rémunération du livret A
Actuellement, le « placement préféré des Français » connaît une zone de turbulence. En effet, la politique de taux bas enclenchée par la BCE limite le rendement des produits d'épargne en Europe et notamment celui du Livret A.
Alors que le taux de rémunération de ce placement, toujours aussi populaire en France, va connaître une nouvelle baisse en février prochain, le ministre de l'Économie et des Finances Bruno Le Maire a justifié cette nouvelle baisse, qu'il considère comme nécessaire.
Un contexte général peu propice à ce type de placements
Lors d'un colloque sur l'épargne utile, organisé par la Caisse des dépôts ce mercredi, le directeur général de la Caisse, Éric Lombard, a tenu à expliquer pourquoi la révision du modèle du livret A est indispensable. Il a notamment expliqué que bien que vertueux, le modèle de l'épargne réglementé n'est plus aussi efficace dans ce contexte de taux bas prolongé :
« Rémunérer le Livret A à 0,75 % quand le placement sans risque, l'OAT à 10 ans [l'emprunt d'Etat] est à -0,3 %, coûte donc 30 centimes, est un défi. L'application de la nouvelle formule de calcul du taux dès février 2020, avec un taux plancher de 0,50 %, est bienvenue » a-t-il notamment argumenté. Il estime par ailleurs que cette baisse ne devrait pas changer drastiquement les habitudes des Français.
Pour appuyer son propos, il a également cité le comportement des compagnies d'assurances comme Generali ou Allianz, qui ont décidé de dissuader les placements en fonds euro à capital garanti.
En route vers l'économie active
Malgré cela, l'appétence des Français pour les produits d'épargne sans risques n'est plus à prouver. Pour preuve, les encours sont au plus haut historique à 298 milliards d'euros fin août. Pire, le gel du taux à 0,75 % en 2018 aurait représenté un manque à gagner de 3,6 milliards d'euros pour les épargnants selon l'association de consommateurs CLCV.
Pour défendre cette nouvelle baisse, le ministre a donc tenu a rappelé qu'au-delà du livret A, les transformations de l'assurance-vie et de l'épargne-retraite contenu dans la loi PACTE permettrait d'amorcer une véritable « révolution ». Notamment via la création du PER, lancé ce lundi.
Une augmentation de 70 milliards des encours de l'épargne-retraite est ainsi espérée par le gouvernement. Ce qui lui permettrait de passer de 230 milliards actuellement à 300 milliards d'ici la fin du quinquennat.
"Nous avons engagé cette transformation de l'épargne réglementée vers l'économie active avec la loi Pacte [...] L'argent qui dort, ça suffit. Il faut mieux orienter l'épargne. Nous avons besoin de placements plus dynamiques et de sortir de l'alternative basique entre épargne réglementée avec peu de rendement ou immobilier" a plaidé le ministre.
Reste désormais à savoir si toutes ces modifications arriveront à modifier le comportement « frileux » des Français en matière d'épargne. À titre d'exemple, depuis 2008, le nombre de détenteurs d'actions en Bourse a chuté de 6 à 3 millions ... Une preuve supplémentaire que les habitudes peuvent parfois être tenaces.