Épargne : avec la crise, les arnaques se multiplient
En cette période de crise, certains en profitent pour escroquer les épargnants en proposant des placements particulièrement hasardeux. Explications.
Avec la crise du Covid-19, les Français ont profité des deux périodes de confinement pour épargner massivement. Face à l'incertitude économique, les épargnants ont légitimement cherché à trouver des placements rémunérateurs afin de sécuriser leurs avoirs.
Si la majorité des Français ont opté pour des placements classiques types assurance vie, livrets ou placements immobiliers, d'autres ont préféré se tourner vers des placements plus atypiques.
Problème, certains individus mal intentionnés tentent de profiter de la situation en proposant des arnaques pouvant mener rapidement à la banqueroute.
Des placements qui font miroiter des rémunérations spectaculaires
Début janvier, le régulateur français des banques et des assurances a annoncé avoir répertorié 1 081 sites ou entités proposant en France des crédits, des livrets d'épargne, des services de paiements ou des contrats d'assurance frauduleux en 2020.
Ces arnaques concernent donc tous types de placements : SCPI, bourse, Bitcoin, faux livrets d'épargne ou encore le très en vogue investissement sur les parkings. Bien souvent, ces faux placements proposent des rémunérations particulièrement spectaculaires.
Alors que la rémunération de certains placements comme le livret A est particulièrement faible (0,5 %), ce sont bien les placements atypiques qui sont les plus concernés par la fraude. On dénombre un nombre de fraudes importantes sur des produits qui peuvent rapporter gros dans l'imaginaire collectif.
Interrogée par Le Monde, la directrice des relations avec les épargnants à l'AMF, Claire Castanet dénombrée plusieurs placements frauduleux particulièrement en vogue :
« En début d'année, les fraudes aux produits atypiques les plus courantes concernaient surtout le vin, le whisky, le champagne. Désormais, les conteneurs ont la côte, mais nous constatons aussi des fraudes multiproduits, c'est-à-dire des sites qui vous proposent un peu de tout et que nous surnommons ici « les supermarchés de l'arnaque ». Les offres frauduleuses d'investissements dans les cheptels, nombreuses en 2019, sont désormais moins fréquentes », détaille-t-elle.
En plus de ces nouveaux produits frauduleux, certains produits font office de « best-seller » de l'arnaque. Les faux placements en cryptomonnaies restent un terrain de jeu particulièrement apprécié des escrocs. Mais pas seulement : « Nous avons aussi repéré de nombreuses fraudes en matière d'investissement dans les parkings d'aéroport, des chambres d'Ehpad, des faux comptes à terme », explique Claire Castanet, toujours dans les colonnes du Monde.
Les courtiers également touchés
Dans un contexte particulièrement difficile en raison de la crise, les courtiers spécialisés sont désormais dans le viseur des arnaqueurs.
Ainsi, l'association de consommateurs UFC-Que Choisir alerte sur les arnaques aux rachats de crédits. Dans ce cas précis, le fraudeur se fait passer pour un courtier spécialisé et sous couvert d'une opération de rachat de crédits en profite pour forcer sa proie à contracter un nouveau crédit avec à la clé des dizaines de milliers d'euros supplémentaires à éponger.
La force de ces faux courtiers ? Selon Laurent Kocinski, fondateur de Meelo (société spécialisée dans l'identification des fraudes), ils sont souvent déjà très bien informés de la situation financière de la personne ou du ménage visé :
« Ce sont des gens parfois très bien informés, qui ont récupéré des bases clients d'entreprises, par exemple celles de personnes ayant fait installer des panneaux solaires sur leur toit » , explique-t-il.
Comment repérer une arnaque ?
Reste que face à ce tableau assez inquiétant, des vérifications simples peuvent permettre d'éviter de se faire avoir :
« La démarche est souvent la même, on vous allèche par une page Web, on vous demande d'inscrire vos coordonnées sur un formulaire, puis un soi-disant conseiller vous rappelle, vous donnant parfois même un numéro d'agrément qui existe vraiment. Car pour rassurer les épargnants, l'usurpation d'identité est désormais monnaie courante. Pour vous convaincre d'investir dans de fausses chambres d'Ehpad, on s'appuiera par exemple sur de vrais noms d'opérateurs du secteur. », détaille Claire Castanet.
Par ailleurs, l'Autorité de contrôle prudentiel et de résolution recense des pratiques pouvant indiquer une fraude. Bien souvent, le contact est établi par téléphone. Selon l'ACPR, 40 % des offres frauduleuses usurpent l'identité d'un établissement ou d'un intermédiaire financier existant. Dans cette optique, une liste noire est disponible sur le site de l'ACPR.
Attention tout de même, cette liste est non-exhaustive puisque de nouveaux sites frauduleux apparaissent régulièrement. Des sites comme Régafi ou l'Orias (le registre public des intermédiaires en assurance, banque et finance) permettent également de vérifier si un site est répertorié.
Elle indique également que dans la grande majorité des cas la société est située hors de France. Il est donc fortement déconseillé d'envoyer de l'argent à des sociétés qui ne proposent pas un RIB français.
Plus concrètement, il est fortement déconseillé de se ruer sur un placement ou une opération dont les bénéfices paraissent trop beaux pour être vrais ( crédit sans condition, remboursement très longs, taux records etc..).
D'ailleurs, UFC Que-Choisir indique que bien souvent votre interlocuteur essayera de vous mettre la pression en invoquant une offre à durée limitée.
Enfin, ne communiquez jamais vos données personnelles et documents privés (carte d'identité, carte de sécurité sociale, RIB) après un échange téléphonique ou sur Internet à une personne que vous entendez pour la première fois et qui n'est pas formellement identifiées. Surtout si vous n'êtes pas à l'origine de la démarche.