Faut-il croire en la micro-épargne ?

Mickaël Touré 25 Avril 2019 17:49

C'est une tendance qui se démocratise. Alors que le taux du livret A est gelé jusqu'en 2020, d'autres alternative commencent doucement émerger. Particulièrement avantageuse, la micro-épargne semble séduire de plus en plus. Et si à terme, la micro-épargne parvenait à concurrencer l'indéboulonnable livret A ?

Faut-il croire en la micro-épargne ?

Face aux aléas et aux coups durs, on ne pense pas toujours à épargner. Parfois même, les ménages préféreront se tourner vers le crédit plutôt que puiser dans une épargne.

Plus encore, avec un livret A gelé à 0.75% jusqu'au à 2020, les Français ont également perdu foi dans les vertus de l'épargne. Heureusement, cela pourrait vite changer. Et une nouvelle fois, c'est la FinTech qui pourrait bien venir à la rescousse de milliers d'épargnants en détresse.

La solution pourrait bien s'appeler micro-épargne. Vous ne savez pas de quoi on parle ? Pas de panique, Boursedescrédits.com est là pour tout vous expliquer !

La micro-épargne : explications

Micro-crédit, microfinance et maintenant micro-épargne. Il faut l'admettre le terme n'est pas encore très répandu dans l'Hexagone. Et pourtant, le « micro-saving » en anglais, pourrait bientôt faciliter la vie de beaucoup d'épargnants en se révélant beaucoup plus effectif qu'un produit d'épargne classique.

Dans la pratique, la micro-épargne se définit comme étant une réserve d'argent qui va se former grâce à des petites sommes non consommées.

Cette épargne ne sera pas entamée ni par des dépenses contraintes, ni par des dépenses quotidiennes. À force de micro-économies une micro-épargne se constitue et permet de réaliser les projets auxquelles l'épargnant aspire.

Pour êtes plus explicite, imaginons un retour en enfance et une tirelire que l'on remplirait au compte-goutte. Avec le temps on l'oublie, elle finit dans le placard, et un beau-jour on finit par la retrouver pleine à craquer, pile au moment où l'on désirait se payer une bonne séance de cinéma entre amis.

Voici ce qu'est la micro-épargne, à une échelle plus importante bien sûr.  

La Fintech française s'empare de la micro-épargne

Dit comme cela, on s'en voudrait presque de ne pas y avoir pensé plus tôt. Le problème est que comme souvent, c'est plus facile à dire qu'à faire. Heureusement, certaines Fintech ont bien compris l'intérêt que peut représenter la micro-épargne.

Aux Etats-Unis, le concept à déjà fait du chemin. Particulièrement adapté aux jeunes, la banque mobile Chime permet à ses jeunes clients d'épargner automatiquement par arrondi à chaque achat.

Lors d'un achat, cette technique permet, comme son nom l'indique, d'épargner à l'euro ou à la dizaine d'euros supérieurs pour les plus volontaires. Ainsi, l'épargne est quasiment indolore pour le client. De même, la start-up Digit revendique déjà 1 milliards d'euros d'épargnés pour ses clients. En Suède Qapital peut se targuer d'avoir déjà séduit 1.3 millions d'utilisateurs.

Néanmoins, la France n'est pas en reste. De plus en plus de Fintech française ont saisi le potentiel de ce type de marché et propose déjà à ses clients des applications pour faciliter l'épargne. En voici quelques-unes :

  • HI Bruno :

Cette Start-up originaire de Marseille a développé Bruno, une solution de micro-épargne rémunérée et automatisée selon les besoins et les objectifs d'épargne de l'utilisateur.

Sur son site, la Start-up se définit comme étant : « un compte intelligent conçu pour financer vos projets. Le compte Bruno met de l'argent de côté à votre place, automatiquement et en s'adaptant à vos dépenses. »

Lancée il y a un peu plus d'un an, en janvier 2018, l'entreprise revendique environ 60 000 utilisateurs. Pour le moment, surtout des jeunes de 18 à 25 ans qui épargnent en moyenne 120 € par mois. La start-up cherche à s'élargir au maximum et toucher un nombre toujours plus important d'épargnant. Une levée de fonds de 1 000 000 d'euros lui a d'ailleurs permis de constituer une équipe d'une dizaine de personnes.

C'est surtout le choix du média de diffusion qui a fait le succès de Bruno. En proposant, une interaction avec le client via Facebook Messenger, la start-up a pu toucher une large cible de Millénial en plus de faciliter son référencement.

Concrètement, l'épargnant s'adresse à un assistant virtuel installé dans Facebook Messenger. Il lui suffit de se créer un compte. Bruno synchronise ensuite le compte Bruno au compte courant du client, ce qui permet à l'algorithme de connaître en temps réel la situation financière de l'utilisateur et s'y adapte.

L'utilisateur fixe ensuite des objectifs d'épargne, puis l'assistant virtuel se charge de les réaliser grâce à son algorithme. Point positif, il prend en considération le calendrier . Ainsi, le montant épargné sera moindre en période d'impôt par exemple.

Autre avantage, le client n'a rien à débourser, il est même rémunéré au taux brut de 1%. Pour subsister, Bruno a créé un partenariat avec environ 300 banques. "La banque partenaire crée un livret pour nous. Elle distribue 1% au client et un peu plus pour nous" déclarait ainsi Louis Chavanne, CTO de la Start-up à la Tribune de Marseille.

  • YEELD :

Anciennement Piggou, Yeeld est une solution gratuite de micro-épargne qui permet de mettre automatiquement de côté des petites sommes.

Lancé il y a un peu plus d'un mois, Yeeld a déjà séduit 4000 utilisateurs et voudrait en convaincre plus de 20 000 d'ici à la fin de l'année. Une première levée de fonds à permis de d'engranger 1.6 millions d'euros au lancement. Elle espère atteindre les 5 millions d'ici la fin 2019.

Pour cela, Yeeld s'est appuyé sur des études comportementales et a pu créer grâce à cela trois dispositifs automatisés.

En plus de l'arrondi des dépenses à l'euro supérieur, déjà évoqué précédemment, Yeeld se fonde sur le dispositif « j'épargne puis j'oublie ». Ce dernier permet de fixer un montant hebdomadaire à placer automatiquement de côté. Enfin « la règle des 52 » permet de mettre de côté un euro supplémentaire chaque semaine pour épargner 1378 euros au bout des 52 semaines de l'année.

Grâce à Yeeld, il est également possible de compartimenter son épargne en créant des cagnottes pour chacun des projets. Pour cela, on entre un budget dans l'application et un laps de temps. La plateforme calcule alors automatiquement la somme à prélever pour atteindre l'objectif.

Plusieurs possibilités sont ensuite possibles pour dépenser le montant épargné. Soit via une MasterCard physique (à 9.90€) ou virtuelle (gratuite). Ces deux cartes sont connectées au compte Yeeld et permettent de réaliser des achats en magasin ou en ligne. Des virements/remboursements sont également possible.

Yeeld possède également un partenariat avec Amazon et propose à ses usagers de bénéficier d'un cashback de 4% sur ses achats. 100 euros sur un compte Yeeld se transforme en 104 euros sur Amazon et tous les magasins appartenant à la multinationale (Monoprix, Bio C bon etc...)

Ainsi Yeeld se rémunère en en ponctionnant 0,1% aux commerçants sur les transactions effectuées et peut proposer une expérience gratuite à ses utilisateurs, ce qui n'était pas la vocation de départ.

  • Cashbee :

Encore en phase de test, Cashbee devrait également bientôt débarquer. Pour l'instant, la start-up est encore en phase de recherche et nouent des partenariats avec différentes banques.

Pour autant, Cashbee s'annonce déjà comme étant un acteur important du secteur.

La micro-épargne, une alternative pour les foyers en difficulté

Plus qu'un produit d'épargne capable de concurrencer le livret A, la micro-épargne peut également être une manière de mieux lutter contre la pauvreté. Trop souvent ignoré au profit du crédit, l'épargne est un outil efficace dans la lutte contre la pauvreté.

Selon, Jonathan Morduch, Président du Groupe d'experts des Nations Unies sur les statistiques relatives à la pauvreté mondiale : « La microfinance s'illustre comme étant l'outil le plus prometteur et le moins coûteux de la lutte contre la pauvreté mondiale. »

D'ailleurs, les collectivités locales ont bien compris l'intérêt de la micro-épargne. À titre d'exemple, une convention a été signée entre le centre communal d'action sociale (CCAS) de Changé dans la Sarthe, et celui de Laval.

La convention permettra d'accompagner des familles en difficultés dans des projets de micro-épargne en partenariat avec les deux CCAS en les aidant à épargner de petites sommes tous les mois. 

Les sommes récoltées sont placées sur un livret d'épargne solidaire rémunéré au Crédit municipal de Nantes et valorisées par le CCAS de Changé à hauteur de 20 % des sommes épargnées. Ce dispositif permet de soutenir des familles précarisées dans la réalisation de leurs projets et les incite à avoir une gestion responsable de leur budget familial.

Une façon de dire que la micro-épargne a sans doute de belles heures devant elle.

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