La Fed laisse ses taux inchangés et fait patienter la BCE
Aux Etats-Unis, moins de deux mois avant l'élection présidentielle, la Réserve fédérale a décidé de ne pas faire remonter ses taux d'intérêt. Un évènement auquel il faut se préparer et qui pourrait avoir lieu au mois de décembre.
Les bureaux de la Réserve fédérale américaine à Washington D.C.
Ce mercredi, le marché de la dette a attendu dans le calme la décision monétaire de la Réserve fédérale américaine (Fed) à l'issue d'une réunion de deux jours. Si la banque centrale a décidé de laisser ses taux d'emprunt inchangés (0,25% à 0,5%) pour le moment, elle n'a pas fermé la porte à une hausse qui pourrait intervenir avant la fin de l'année.
"Comme l'an dernier", la présidente de la Fed, Janet Yellen a dû faire face "à une majorité de présidents de banques régionales favorables à une hausse" des taux directeurs, ont noté les stratégistes de la société de gestion Natixis AM à l'AFP. Même son de cloche pour Ian Shepherdson de Pantheon Macroeconomics : "Les faucons" qui veulent contenir l'inflation en remontant les taux plus vite "ont vraiment essayé de persuader leurs collègues frileux de relever les taux", raconte-t-il à Challenges.
Au sein de la Fed, il faut remonter à décembre 2014 pour noter une telle fracture décisionnelle dans ses effectifs. Mme Yellen est formelle, la majorité des membres du Comité envisage une hausse des taux avant la fin de l'année, en témoigne les projections qu'ils publient. Toutes ces déclarations dissonantes sur le calendrier du relèvement des taux ont d'ailleurs suscité des questions sur les marchés ces derniers temps.
"Le problème, c'est que cela fait tellement longtemps que Janet Yellen explique qu'elle attend, que les marchés n'y croient plus. Elle a eu beau répéter que les arguments pour une hausse des taux d'intérêt s'étaient renforcés, les anticipations ne sont plus ancrées dans le marché", explique Raphael Legendre, journaliste pour L'Opinion sur Boursorama. "Le jour où elle devra l'annoncer, cela risque de créer une onde de choc assez violente sur les marchés".
"Emprunteurs, c'est le moment de se lancer !"
Pourquoi les marchés ne semblent alors toujours pas prêts pour cet évènement si le retour à la normale en termes de politique monétaire est inéluctable ? Si Janet Yellen affirme avoir voulu certifier que les Etats-Unis ne sont pas à la veille d'une récession après que l'emploi outre-Atlantique a connu un trou d'air inquiétant en août dernier, tout le monde s'accorde à dire que rien ne peut être décidé avant l'élection présidentielle américaine qui débutera le 08 novembre prochain.
Il apparaît cependant essentiel de s'y préparer en amont. "Inévitablement, cette décision affectera à moyen terme celle de la Banque centrale européenne. Pour les emprunteurs, la fenêtre de tir va alors se préciser puisque, ce sont les taux de crédit qui entameront une phase de hausse. Dès aujourd'hui, si vous avez un projet nécessitant toute forme de crédit, c'est le moment de le lancer avant qu'il ne soit trop tard", assure Arsalain El Kessir, président de BoursedesCrédits.