Fin du PTZ, une catastrophe pour les ventes de maisons neuves ?
Alors que la loi Finance de 2020 pourrait acter la fin des prêts à taux zéro (PTZ) dans les zones rurales et péri-urbaines, l'union des Constructeurs et aménageurs de la Fédération française du bâtiment (FFB) espère encore faire changer d'avis le gouvernement.
Lorsque l'on parle du marché immobilier, il faut bien évidemment distinguer le marché du neuf et de l'ancien. Si la conjoncture actuelle est particulièrement favorable aux ménages souhaitant obtenir un crédit immobilier, ils se tournent bien plus vers l'achat d'un logement ancien. Malgré un taux immobilier 2019 toujours plus bas, le marché peine à se ressaisir.
Après une année 2018 marquée par un recul de 11,2% des ventes, le marché des maisons neuves à connu un léger rebond au 1er semestre 2019, avec une progression de 4,7% du nombre de transactions. Il reste néanmoins que la diminution du nombre de transactions observée l'année dernière est due, en grande partie, à la remise en cause des aides à l'accession (suppression du dispositif Pinel et rabotage du prêt à taux zéro en zones rurales et péri-urbaines, suppression de l'APL accession sur tout le territoire).
Des aides qui devraient d'ailleurs être une nouvelle fois rabotées dans le cadre de la loi finance 2020.
Une loi finance qui fait débat
Pour le moment, la future loi est encore loin de faire l'unanimité. Les Constructeurs, Promoteurs et Aménageurs de la Fédération Française du Bâtiment (LCA-FFB), estiment que le léger rebond des transactions des maisons neuves est directement lié à l'anticipation de la fin programmée du prêt à taux zéro (PTZ) en 2020.
Déjà plus restrictive depuis l'année dernière, la nouvelle loi devrait une nouvelle fois limiter les zones éligibles au PTZ. De plus, l'investissement possible via ce prêt a diminué de moitié passant de 40% à 20%. Cela s'est traduit par une diminution des ventes de 23,7% tous segments confondus (logements individuels et collectifs) ainsi que des mises en vente qui ont dégringolé de 43,6%.
Inquiétude des professionnels
Dans les faits, le projet de loi prévoit la fin du PTZ dans les zones B2 et C. Pour rappel, la zone B2 correspond à la majorité des agglomérations de plus de 50 000 habitants ainsi qu'à la majorité des zones frontalières ou littorales chères, ou à la limite de l'Ile-de-France. La zone C correspond au reste du territoire, sauf Paris, la Côte d'Azur et le Génevois français couverts par la zone A et les agglomérations de plus de 250 000 habitants, quelques agglomérations chères, la Corse et les départements d'Outre-mer qui correspondent à la zone B1.
Dans ce contexte, les professionnels se montrent particulièrement inquiets de la disparition progressive du PTZ. La Fédération considère, en effet, qu'une restriction du PTZ à des zones plus restreintes s'apparenterait à une baisse du pouvoir d'achat immobilier pour les Français : “Le PTZ joue un rôle déterminant sur la solvabilité des ménages. Et particulièrement dans ces zones, où les prix du foncier et les coûts de construction rendent possible l'accession des ménages modestes à la propriété", explique Grégory Monod, le président de la LCA-FFB.
Alors que les zones B2 et C couvrent 93% du territoire et 60% de la population, la Fédération redoute une nouvelle baisse significative de l'achat dans le neuf, à hauteur de 12 000 unités annuelles. Ce qui se traduirait fatalement par une diminution des emplois disponibles dans le bâtiment (20 000 emplois potentiellement menacés), tout en réduisant les possibilités d'accession à la propriété pour les ménages.
Incertitude politique
Là ou le bât blesse, c'est que pour les professionnels, un maintien du PTZ pourrait permettre une relance modérée du marché du neuf. Ils parlent ainsi de 2 000 à 3 000 logements supplémentaires en 2020, avant une stabilisation en 2021.
En termes simplement pécuniers, la Fédération explique que le maintien du PTZ n'entrainerait « qu'un surcoût limité de 31,2 millions d'euros" pour les finances publiques, en 2020. “Dans le même temps, les recettes fiscales induites par les 12.000 logements ainsi sauvegardés s'établiraient aux environs de 400 millions d'euros en 2020 et en 2021".
Au niveau politique, le ministre du Logement, Julien Denormandie, est également favorable au maintien du PTZ, ce qui ne semble pas être le cas du Premier ministre et du Président de la République. Par ailleurs, les prochaines élections municipales compliquent le lancement de nouvelles opérations. En clair, il faudra s'armer de patience avant de savoir ce qu'il adviendra du Prêt à taux zéro..