Gel des tarifs : les banques ont-elles tenu leur promesse ?
Le 11 décembre dernier, en pleine crise des Gilets jaunes, les patrons des grandes banques françaises, sous la pression du président Macron, prenaient une série d'engagements pour préserver le pouvoir d'achat des ménages. Parmi eux, celui de ne pas augmenter les tarifs en 2019. Quelques semaines plus tard, le CCSF (Comité consultatif du secteur financier) dresse un premier bilan de cette promesse.
Les banques se sont engagées à ne pas augmenter leurs tarifs en 2019
Les deux principales mesures, à savoir, le gel des tarifs pour les particuliers et le plafonnement des frais d'incidents pour les plus fragiles, devraient redistribuer, selon la Banque de France, « 500 à 600 millions d'euros de pouvoir d'achat aux Français ».
Plusieurs engagements de la part des banques
La question du plafonnement des frais pour les bénéficiaires de l'OCF (Offre spécifique pour les clients fragiles) n'avait cependant pas attendu la réunion à l'Élysée pour être traitée. L'engagement de la part des banques avait déjà été formulé, début septembre, auprès du ministère de l'Économie et des Finances. Mais à la mi-décembre, d'autres promesses s'y sont ajoutées.
Les banques s'étaient alors engagées à offrir des conditions de financement préférentielles pour l'achat d'un véhicule propre, ou pour l'installation d'équipements domestiques moins gourmands en énergie. Un autre engagement concernait les entreprises. Les établissements bancaires promettaient un accompagnement sur mesure pour celles touchées par les manifestations des Gilets Jaunes. Enfin, comme évoqué ci-dessus, les patrons des grandes banques garantissaient de ne pas augmenter les tarifs pour l'année 2019.
Promesse tenue ?
Selon une étude réalisée par l'Observatoire des tarifs bancaires (OTB), menée sur l'extrait standard des tarifs (EST) des différentes banques début janvier (tarifs d'une liste des services les plus représentatifs afin de comparer plus facilement les prix d'un établissement à l'autre), les engagements de ces dernières au niveau des tarifs semblent bien avoir été tenus.
Sur les cent neuf acteurs du secteur étudiés (qui représentent 98,02 % des parts de marché de comptes courants de particuliers fin 2017) cinquante-neuf ont publié une nouvelle plaquette tarifaire au 1er janvier. Les autres, qui avaient déjà modifié leurs tarifs en 2018, n'ont pas eu besoin d'une nouvelle publication pour respecter leurs engagements.
Dans les détails, au niveau des EST, aucune augmentation n'est à déplorer. Sur les quatorze lignes de tarification, la moitié n'affiche aucune variation entre le 31 décembre 2018 et le 5 janvier 2019. Les sept autres lignes tarifaires connaissent des baisses allant de 0,12 % à 16,59 % sur la même période.
Et pour le plafonnement des frais bancaires ?
L'autre versant des engagements, c'est-à-dire le plafonnement des frais d'incidents à 25 euros par mois pour les plus fragiles, a-t 'il été, lui aussi, honoré ? Difficile à dire pour l'heure, car en effet, la mesure a jusqu'à la fin du mois de février pour être appliquée. Des banques, comme BNP Paribas, l'ont déjà mis en place.
Mais il ne faut pas s'y tromper, le terme « personne financièrement fragile » sous-entend en réalité uniquement les bénéficiaires de l'OCF (Offre spécifique pour les clients fragiles). Pour profiter de ce mécanisme, le particulier doit être inscrit au Fichier central des chèques de la Banque de France (FCC) ou bien être sujet à une procédure de surendettement. Si ce n'est pas le cas, c'est la seule appréciation du banquier qui détermine si la personne est « fragile » ou non, de quoi relativiser la mesure.
Quoi qu'il en soit, et même pour les autres promesses formulées, il faudra sans doute patienter jusqu'à la fin de l'année pour établir un bilan précis des efforts fournis par les banques. En attendant, on ne peut que constater que, pour le moment, ces dernières tiennent parole.