Le modèle économique des banques en ligne dans l'impasse ?
En 2016, les pertes financières des banques en ligne se sont élevées à un total supérieur à 80 millions d'euros. Alors que la fondation de certaines enseignes remonte déjà au début du siècle, le modèle économique de cette innovation majeure du système bancaire est plus que jamais remis en cause.
Conditionner la gratuité de l'offre pour les clients est une des solutions envisagées pour que les banques en ligne augmentent leur rentabilité.
Sur l'ensemble des clients de banques français, seuls 9% d'entre eux le sont auprès d'un établissement en ligne. Ainsi, depuis leur création, les banques en ligne demeurent sans cesse en quête de clients, notamment pour financer leurs frais de marketing qui représentent le tiers de leurs coûts et dont une majorité est des frais d'acquisition. Si une banque de détails classique a besoin d'un minimum de deux millions de clients pour être rentable, le seuil est bien plus élevé pour les banques en ligne.
La raison de cette asymétrie réside dans l'offre essentielle qui caractérise les banques en ligne. En effet, la plupart d'entre elles misent sur la gratuité de la carte et des opérations bancaires en plus des sommes d'argent transférées à l'ouverture d'un compte en banque, cette promesse commence d'ores et déjà à disparaître d'ailleurs. De ce fait, Boursorama Banque ou encore Orange Bank qui souhaitent atteindre ce palier de clientèle respectivement d'ici 2020 et 2028 vont probablement devoir rehausser leur objectif.
Comment assurer la rentabilité des banques en ligne ?
A l'heure actuelle, plus de la moitié des clients d'enseignes telles que Boursorama, leader du marché malgré ses 24 millions d'euros de pertes annuels, ou Fortunéo n'ont aucun frais à supporter. Le problème est que l'arrivée massive des néo-banques sur ce marché des établissements bancaires ne permet pas aux banques en lignes de supprimer instantanément le caractère gratuit de leur offre si elles entendent faire face à cette nouvelle concurrence.
Il faut donc chercher d'autres solutions et l'une d'entre elles est déjà mise en place par BforBank ou encore ING Direct : une offre gratuite seulement à partir d'un recours assez régulier aux services de la banque en ligne et en cas d'utilisation insuffisante, des frais sont appliqués. Il pourrait aussi s'agir d'élargir l'offre vers des services payants tels que les crédits ou la prévoyance, de la même manière que les néo-banques renouvellent régulièrement leurs offres. Cependant, cette option est peu explorée pour le moment alors qu'elle est plus facile à mettre en oeuvre car non soumise au plafonnement des commissions d'interchange ou la faiblesses des taux contrairement à la première.
Enfin, une dernière possibilité est de modifier la clientèle ciblée. Historiquement, le client typique des banques en ligne est un jeune cadre aisé vivant en ville. Ce profil type dont dépendent les banques en ligne comme Hello bank est extrêmement sensible aux prix, ce qui limite leur capacité à les augmenter. Dès lors, les banques en lignes devraient privilégier une autre tranche de la population, la cible idéale étant les jeunes seniors qui sont des clients potentiellement beaucoup plus en quête de produits d'épargne. À ce titre, des banques en ligne telles que Fortunéo ou BforBank ont largement misé sur cette demande particulière, ce qui leur a permis d'enregistrer des résultats bien meilleurs que ceux de la concurrence en général.