Où placer son argent avec la baisse du taux du Livret A ?
Le taux de rémunération du Livret A a été abaissé à 1% cet été. Mais où doit-on placer son argent pour obtenir de bons rendements ? Interview de Franck Kerlaud, Directeur du Pôle LCL Banque Privée Paris-Opéra.
Interview de Franck Kerlaud Directeur du Pôle LCL Banque Privée Paris-Opéra
Le taux de rémunération du Livret A a été abaissé de 1,25% à 1% en juillet dernier. Ce livret reste-t-il malgré tout un bon placement ?
Franck Kerlaud : "Oui, ce placement reste un bon placement pour sa souplesse et pour ses intérêts défiscalisés. Par contre, la rémunération offerte depuis le 1er août est à peine supérieure à l'inflation (0,7%). Et le plafond est vite atteint (22.950 euros). Or, pour rappel, un seul Livret peut être détenu par une personne physique (résident fiscal ou non), tous établissements bancaires confondus".
Quelles sont les alternatives au Livret A pour ces épargnants ? Pourquoi ?
F. K. : "Plusieurs solutions peuvent être en envisagées selon la durée de placement envisagée et les projets de l'investisseur. Le PEL conserve toute son attractivité actuellement. Votre capital (jusqu'à 61.200 euros) et votre rémunération (2,50%) seront garantis pendant toute la durée du placement.
Les intérêts sont exonérés d'impöt sur le revenu pendant les 12 premières années. Les intérêts sont soumis annuellement aux prélèvements sociaux (15,5%). Vous avez la possibilité de récupérer votre capital quand vous le souhaitez. Attention, la rémunération est réduite si la fermeture du PEL intervient avant 2 ans. Vous ne pourrez pas prétendre, alors, aux droits à prêts et à la prime d'état.
En complément ou en parallèle, l'assurance-vie reste un support d'investissement incontournable surtout lorsque l'investisseur a la possibilité d'effectuer des versements complémentaires sur un contrat souscrit il y a quelques années.
L'assurance-vie offre une rémunération attractive (environ 2,80% brut pour le support Euro), une souplesse par les rachats possibles et une fiscalité qui s'allège dans le temps (deux options fiscales pour la taxation des intérêts lors d'un rachat : prélèvement libératoire ou taxation selon votre tranche marginale d'imposition). Il faut souligner qu'au-delà de la 8ème année, le prélèvement libératoire est de 7,50%. Les intérêts sont soumis aux prélèvements sociaux.
Notre conseil est de prendre date dès maintenant par les ouvertures d'un PEL et d'un contrat d'assurance-vie.
Selon le niveau du revenu fiscal de référence (maximum 34.772 euros pour un couple avec un enfant à titre d'exemple), un contribuable aura la possibilité d'ouvrir un LEP (Livret d'Epargne Populaire) rémunéré à 1,50% net de toute imposition. Le placement est plafonné à 7700 euros".
Pour une personne qui souhaite un placement souple mais rémunérateur, le choix n'est-il pas limité ?
F. K. : "Effectivement, en restant sur un placement offrant disponibilité et garantie en capital, les solutions sont restreintes. Le PEL et l'assurance-vie (support Euro) permettent toutefois d'investir des montants significatifs dans des conditions fiscales privilégiées".
On voit apparaitre, principalement via les banques en ligne, des « supers livrets ». Sont-ils si intéressants si on les compare à un livret A classique ? (taux et durée de rémunération, rendements, impöts, etc).
F. K. : "Les taux affichés peuvent être très attractifs. Toutefois, la durée de placement sur ces Livrets n'excède pas 6 mois voire 4 mois. Déplacer vos capitaux d'un établissement bancaire à un autre vous fait perdre une voire deux quinzaines d'intérêts pour une durée de placement limitée (sans compter l'aspect administratif de l'ouverture et la fermeture de compte).
Ces Livrets ne bénéficient pas d'exonération fiscale : les intérêts sont fiscalisés et taxés selon la tranche marginale d'imposition de vos revenus".
Les OPCVM sont-ils des alternatives intéressantes ?
F. K. : "Attention : si l'objectif est de protéger son capital, les OPCVM monétaires offrent un rendement très faible, voire nul. Un investissement en OPCVM Obligataires ou Actions pourra offrir un rendement meilleur dans le temps (horizon de placement > à 5 ans) mais n'offre pas de garantie en capital.
Ce type d'investissement répond à d'autres objectifs que ceux des placements dits « de trésorerie » : on ne saurait le préconiser qu'au terme d'une étude patrimoniale (détail du patrimoine du client, ses objectifs, ses projets).
Notons que les contrats d'assurance-vie présentent une offre très complète pour investir en OPCVM (UC), notamment dans le cadre d'une gestion délégataire qui peut être particulièrement intéressant dans le contexte économique actuel".