La rentabilité des assureurs-vie français devrait baisser d'ici 2020
Selon une étude, la rentabilité des assureurs-vie devraient chuter de 1 à 1,5% par an d'ici 2020 en France. La raison de cette baisse est la persistance des taux bas.
Cette étude fait écho au premier avertissement émis début mai par l'Autorité de contrôle prudentiel et résolution (ACPR).
Une mauvaise nouvelle pour les assureurs-vie français. "La persistance des taux ultra-bas pourrait signifier des résultats ultra-bas pour les assureurs-vie français d'ici 2020", note Standard & Poor's (S&P) dans une étude publiée la semaine dernière.
"Nous prévoyons une tendance à la baisse des résultats pour le secteur sur les cinq prochaines années, en posant comme hypothèse que les taux d'intérêt ne se redressent pas et qu'il n'y ait pas de changement dans les profils d'investissement ou dans les mix produits", précise l'agence de notation. Ainsi, les résultats du secteur pourraient baisser au "seuil de rentabilité" d'ici 2020, accompagnés d'une érosion du rendement des fonds propres (RoE) moyen de 1 à 1,5% par an.
L'ACPR avait déjà tiré la sonnette d'alarme
Cette étude fait écho au premier avertissement émis début mai par l'Autorité de contrôle prudentiel et résolution (ACPR). "En l'absence de mesures adaptées prises avec une anticipation suffisante, les taux bas deviendront, à moyen et long terme, une menace pour la rentabilité et la solvabilité du marché et feront peser sur les assureurs des risques qu'ils auront de plus en plus de mal à assumer", avait prévenu Bernard Delas, son vice-président, aux Echos.
L'ACPR avait demandé aux assureurs-vie de baisser leurs rendements servis sur les fonds en euros (à capital garanti) de façon significative, contrairement à ce qui a avait été fait jusqu'ici. Mais malgré plusieurs appels, le rendement moyen était resté à 2,30% au titre en 2015, soit 25 points de moins qu'en 2014.
Le secteur se retrouve aujourd'hui dans une situation compliquée. Les assureurs doivent aujourd'hui remplacer des coupons arrivant à échéance par des titres ne leur rapportant quasiment rien. Les taux bas "écrasent les marges" des assureurs, "en même temps qu'ils renchérissent le coût des garanties", alerte Standard & Poor's.
Ainsi, les taux minimums garantis accordés aux clients par le passé vont également être touchés. "Le taux minimum garanti moyen est, selon nos estimations, légèrement inférieur à 1%. Mais la dilution des portefeuilles qui disposent de taux garantis minimums est moins rapide que la dilution du rendement des portefeuilles d'investissement obligataire", souligne Marc-Philippe Juilliard, directeur pour l'assurance chez S&P.
Une redirection nécessaire vers des investissements en unités de compte
Le plus gros souci des assureurs-vie est qu'ils "se reposent essentiellement sur les revenus d'investissement pour générer des résultats". Les taux bas actuels compliquent l'équation, d'autant plus que les investissements d'assurance-vie se dirigent essentiellement sur les fonds euros.
Ainsi, sur le premier semestre 2016, la collecte s'est élevée à 81% sur les supports en fonds euros et donc seulement à 19% sur les unités de compte (en actions). "Les assureurs vont être de plus en plus dépendants de leur capacité à vendre des produits moins sensibles aux taux d'intérêt, comme les unités de compte, la santé ou les produits de protection", estime Marc-Philippe Juilliard. Un changement de cap tenté par la plupart des assureurs mais qui risque de s'avérer compliqué.