Le taux de chômage corrélé au taux de propriétaire ?

Timothée Talbi 20 Avril 2018 11:24

L'Institut National des Statistiques et des Études Économiques (INSEE) s'est penchée sur une éventuelle relation entre les deux variables et un raisonnement logique pourrait expliquer ce lien d'interdépendance.

Le taux de chômage corrélé au taux de propriétaire ?Une hausse du taux de propriétaires de 10 points entraîne une augmentation de 0,6 point du taux de chômage.

Alors qu'il est de plus en plus difficile d'accéder à la propriété pour les particuliers français et que la courbe du chômage commence enfin à s'inverser, l'INSEE a publié un rapport s'intéressant à une possible causalité entre d'une part le taux de chômage et d'autre part la propriété. Il en ressort que les conséquences de l'un sur l'autre existent bel et bien mais que leurs interprétations peuvent diverger.

La difficulté d'accès à la propriété traduit une des réalités découlant du marché du travail. L'octroi d'un prêt immobilier est favorisé pour les particuliers en situation de contrat à durée indéterminée (CDI) plutôt que pour ceux en CDD ou en intérim. Ainsi, ces personnes permettant la baisse du chômage deviennent également plus facilement propriétaire d'où une corrélation négative entre les deux variables. Sur le dernier demi-siècle en France, une hausse de dix points du taux de propriétaires a entraîné une baisse de 0,7 point du taux de chômage.

Un double effet à l'oeuvre en réalité

Cependant, un second phénomène contredisant le précédent pourrait exister. Un taux de chômage important est entre autres alimenté par une faible mobilité professionnelle, ce qu'Emmanuel Macron veut justement augmenter avec la réforme du code du travail pour plus de flexibilité. Cette « immobilité » professionnelle est un des attributs des propriétaires et est à relier avec leur stabilité en matière résidentielle.

Concrètement, un taux de propriétaire élevé a une implication explicite sur le marché du logement mais aussi une autre, certes plus indirecte, sur le marché du travail : dans les deux cas, il s'agit d'une saturation. Les propriétaires empêchent le dynamisme du marché du logement dans le sens où ils réduisent l'offre disponible pour des actifs dont la demande est liée à des obligations professionnelles, d'où une hausse implicite du chômage. Sur la même période de cinquante ans, cet effet a pris le dessus sur le précédent en augmentant le taux de chômage de 1,3 point à lui seul : finalement, l'effet global d'une hausse de dix points du taux de propriété est une hausse de 0,6 point du taux de chômage.

Non seulement, la hausse du taux de propriétaire est néfaste pour la collectivité mais elle l'est également pour les propriétaires eux-mêmes, à une échelle plus individuelle puisque la stabilité qu'elle induit affaiblit leur capacité à retrouver un emploi. Cependant, la tendance est à la stagnation pour le taux de propriétaires en France depuis deux décennies, ce qui ne serait donc pas sans justifier la récente baisse du chômage.

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