Apprendre à gérer son budget, un moyen de "prévenir le surendettement"
Fondé en 1992, le réseau associatif CRESUS se consacre à prévenir le risque d'exclusion financière en France. Selon Jean-Louis Kiehl, président de l'association, il est indispensable de former et de sensibiliser les particuliers dès le plus jeune âge aux enjeux financiers actuels.
Jean-Louis Kiehl, président de la fédération des associations CRESUS
BoursedesCrédits : Quelles sont les actions pédagogiques menées par CRESUS ?
Jean-Louis Kiehl : En France, il est très difficile de parler d'argent et nous essayons de lever ce tabou. Dès 2008, nous avons mis en place un groupe d'experts afin de réfléchir à la pédagogie budgétaire. Nous nous sommes rendus compte qu'il y avait un énorme déficit.
Nous avons donc élaboré un programme pédagogique : "Dilemme", qui comprend un jeu de plateau et une application. A terme, l'objectif est de former 10 millions de jeunes en France, dans les écoles, les lycées, à travers les associations... Mais le programme est ouvert à tous, aux personnes de 7 ans à 127 ans.
Pourquoi cette sensibilisation est-elle nécessaire dans notre société ?
Gérer un budget, relève toujours du choix. Choisir de sortir, de voyager, d'économiser... Et il n'y a pas d'âge pour commencer à comprendre des sujets comme l'épargne ou l'assurance.
L'objet d'une telle action est de prévenir le surendettement. Lorsque des particuliers font du rachat de crédits, la plupart du temps, ils continuent à consommer comme ils le faisaient auparavant. Alors qu'au contraire, ils devraient réduire leur consommation.
Dès le plus jeune âge, nous voulons apprendre aux personnes à être autonomes, à faire la différence entre un crédit renouvelable et un crédit amortissable.
Est-ce que cela permet aux enfants de sensibiliser leurs parents ?
Absolument. Ils ont une influence très forte sur leurs parents lorsqu'ils reviennent à la maison avec des connaissances en matière d'épargne, de crédit... Ils contribuent à changer les choses. Nous souhaitons vraiment inciter les parents à ouvrir la parole sur des sujets aussi importants que ceux-là.
Le programme "Dilemme" porte-il ses fruits ?
Oui, 20% des jeunes qui suivi la formation, sont allés dans les jours d'après à leur banque pour modifier certains de leurs produits. C'est formidable.
Le programme remporte beaucoup de succès. Nous avons d'ailleurs eu des demandes d'adaptation venant d'Espagne, d'Allemagne, de Belgique, du Mexique et du Venezuela. Et ce, alors que nous n'avons pas encore assez développé le dispositif en France.
Par ailleurs, nous souhaitons sortir dès 2020 un nouveau programme : "Dilemme entrepreneur". Il permettra d'apprendre aux futurs entrepreneurs à financer un projet économique.
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