Assurance emprunteur : 300 millions d'euros de pertes pour les banques
Après trois mois d'application, la résiliation annuelle de l'assurance de prêt a largement desservit les établissements bancaires. Grâce à leurs tarifs plus attractifs, les spécialistes du crédit ont empoché la mise et permettent aux emprunteurs de réaliser d'importantes économies.
Depuis l'entrée en vigueur de l'amendement Bourquin le 12 janvier dernier, les emprunteurs ont la possibilité de résilier leur assurance de prêt chaque année, à date d'anniversaire du contrat, et de changer d'établissement prêteur à leur guise.
Trois mois plus tard, les experts commencent déjà à y voir un peu plus clair. Et selon Réassurez-moi, la perte pour les banques s'élèverait à environ 300 millions d'euros au profit de spécialistes pratiquant des tarifs plus avantageux.
Ces dernières se doivent de réagir et de communiquer autour de leurs nouvelles offres si elles ne veulent pas voir leurs clients fuir vers de nouveaux horizons.
67% des Français ignorent la possibilité de résilier annuellement leur contrat
Il existe un certain nombre de règles relatives à la résiliation annuelle de l'assurance emprunteur. Par exemple, le nouveau contrat doit présenter un niveau de protection au moins équivalent au précédent. Pourtant, en novembre 2017, 67% des personnes interrogées ignoraient totalement leur droit à la résiliation annuelle de leur contrat d'assurance de prêt. C'est pourquoi, la FBF (Fédération Bancaire Française) s'est emparée du dossier et a saisi le Conseil constitutionnel. Cette démarche a beaucoup fait réagir, et à l'approche du verdict, le débat entre les deux parties était évoqué dans tous les médias spécialisés comme grands publics. Paradoxalement, cette démarche anti résiliation annuelle de la FBF a donc grandement participé à la communication de l'amendement Bourquin.
Toutefois, les emprunteurs préfèrent désormais se tourner vers des courtiers qui s'occupent de toutes les formalités nécessaires en plus de la résiliation du contrat d'assurance de prêt. De plus, les banques ne communiquent pas en ce qui concerne la possibilité de résilier son contrat d'assurance emprunteur, que ce soit médiatiquement, ou sur leurs sites web. Une majorité de la population ignore donc totalement ses droits.
Ajustement des prix et rajouts de garanties
Les établissements bancaires se doivent de ruser et d'établir diverses stratégies afin de garder leurs clients. Toutefois, les procédures liées à la résiliation de l'assurance emprunteur permettent aux banques de limiter les pertes. Le préavis de deux mois nécessaires avant la résiliation rend la plupart des dossiers incertains. Les établissements bancaires effectuent donc des contre-propositions via des ajustements de prix ou des rajouts de garantie.
Cependant, les banques réalisent des marges importantes sur certains produits, et plus particulièrement sur les produits d'assurance. Pour certains profils tels que les jeunes, en bonne santé et disposant d'un coût d'assurance dérisoire, une banque réalise jusqu'à 70% de bénéfices. De facto, les clauses d'assurances constituent un quart du coût total d'un crédit, voire davantage. Ces mécanismes ne plaisent guère aux emprunteurs sachant qu'ils ont, en théorie, droit à 85% des profits réalisés sur les produits d'assurance. Dans la pratique, cela n'arrive que très rarement.
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