Assurance emprunteur : la délégation d'assurance a-t-elle (enfin) le vent en poupe ?
10 ans après la loi Lagarde, deux ans et demi après l'amendement Bourquin, les délégations d'assurance semblent augmenter. Véritable dynamique ou simple écran de fumée ?
Deux ans et demi après la promulgation de l'amendement Bourquin, les particuliers semblent enfin prendre la pleine mesure de la loi.
Pour rappel, cet amendement, défendu par l'ancien sénateur du Doubs Martial Bourquin, permet aux emprunteurs de résilier annuellement leur assurance de prêt afin de s'orienter vers des offres plus avantageuses.
L'objectif affiché : combattre le quasi-monopole des banques qui, bien souvent, profitent de la souscription à un crédit immobilier pour inclure leur propre assurance de prêt dans la manoeuvre.
Problème, depuis l'entrée en vigueur de la loi, le 1er janvier 2018, les effets de cette dernière peinent à se faire ressentir. La faute à une certaine méconnaissance des emprunteurs à ce sujet, mais également à une certaine imagination des banques, bien décidées à ne pas perdre la manne que représente l'assurance emprunteur. Face à cela, un renforcement de la loi (loi ASAP), a été adopté par le sénat en mars dernier avant d'être reporté en raison de la crise sanitaire.
Augmentation importante des délégations d'assurance
Pourtant, plusieurs experts s'accordent pour dire que les effets de la loi Bourquin et de sa grande soeur, la loi Lagarde, commencent à se faire sentir. Selon les propos de certains courtiers spécialisés, relayés par le Parisien, les demandes d'assurance de prêt sont en hausse de 35 % depuis le début du confinement.
De même, dans son premier classement de l'assurance emprunteur, l'Argus de l'assurance constate également une progression des assureurs alternatifs et un certain dynamisme de la concurrence. A titre d'exemple, la somme totale des cotisations en 2019 (immo, conso, pro) s'élève à 9,8 milliards d'euros en 2019, dont 1,13 millard de cotisations en délégation (immo, conso, pro).
La Fédération Française de l'Assurance, constate ainsi une hausse des primes encaissées par les assureurs alternatifs de 2,4 % en 2019.
Un marché toujours trusté par les bancassurances
Pourtant, le marché reste majoritairement trusté par les bancassureurs, c'est-à-dire, les banques qui proposent une assurance de prêt lors de la souscription à un crédit immobilier. Ils détiennent toujours près de 85 % du marché.
Ainsi, alors que, comme indiqué précédemment, les primes encaissées par les assureurs alternatifs ont augmenté de 2,4 % l'an passé, les primes encaissées par les bancassurances ont, quant à elles, augmenté de 5,3 %.
En effet, face au durcissement de la législation, les banques ont décidé d'adopter une stratégie défensive plus agressive. Bilan : malgré les lois successives en faveur du libre choix, la part des cotisations d'assurance emprunteur au titre de la délégation d'assurance stagne depuis 10 ans, autour de 15 %.
Reste désormais la loi ASAP, qui doit encore être débattue à Assemblée Nationale et qui pourrait permettre de simplifier le dispositif et ainsi instaurer une vraie concurrence entre les acteurs du marché.