Assurance vie : l'effondrement du fonds euros se confirme
Minés par un contexte de taux bas qui perdure, beaucoup de compagnies d'assurances ne compte plus miser sur le fonds en euros en 2020.
Aux grands maux, les grands remèdes. Il y a quelques mois, Generali France et d'autres compagnies d'assurances comme Allianz s'inquiétaient du manque de rentabilité du fonds euros dans les colonnes des Échos.
Selon, eux, ce produit d'assurance-vie souffre trop de la baisse des taux par la BCE. Dans ce contexte, les compagnies n'avaient pas hésité à monter au créneau en exprimant publiquement plusieurs mesures chocs. En ce début d'année, elles sont donc nombreuses à baisser leurs fonds euros, dans l'espoir que les épargnants se tournent vers d'autres produits plus rémunérateurs, mais également plus risqués.
Le fonds euros de Generali baisse à 1%, d'autres suivent...
Chez Generali France, cette baisse était dans l'air depuis plusieurs mois. Comme prévu, l'assurance-vie en fonds euros de Generali a bien chuté à 1%. L'assureur italien a officialisé cette baisse via des documents diffusés en interne et récupérés par l'AFP.
Pour rappel, Generali fut l'une des premières compagnies à monter au créneau et à annoncer publiquement des mesures radicales afin de limiter l'attractivité de son fonds en euros.
D'ailleurs, d'autres assureurs ont vite adopté des stratégies similaires. Parmi eux, on peut citer Swiss Life, Allianz France ou Aviva France. La plupart opèrent des baisses drastiques dans la rémunération du fonds euros, qui oscille bien souvent aux alentours de 1 %. Sur l'année écoulée, la moyenne du marché devrait ainsi se situer aux alentours de 1,4 %.
Mardi 14 janvier, l'Afer (Association Française d'Épargne et de Retraite) a également annoncé qu'elle s'adapterait à l'environnement de marché. Même si son fonds euros reste supérieur à ceux précédemment cités, l'Afer a ainsi annoncé un taux à 1,85 % sur son fonds euros en 2019, nets de frais et bruts de prélèvements sociaux. Soit une baisse de 40 points de base par rapport aux 2,25 % de 2018.
Certaines compagnies résistent
Malgré tout, certaines compagnies continuent à fonder des espoirs sur le fonds euros. Ainsi, l'effondrement des rendements de l'assurance vie n'a pas encore eu lieu chez tous les assureurs.
Certaines compagnies comme MMA, la GMF ou la MAAF parviennent à garder des taux relativement stables. Certes, ils sont en baisse, mais dans des proportions moindres en comparaison avec l'ensemble du secteur. Le taux offert sur Multéo, le contrat multisupport de la GMF s'affiche, par exemple, à 1,90 % sur l'année écoulée. Soit un recul assez léger de 0,20 point par rapport aux années 2017 et 2018.
D'autres comme l'assureur mutualiste Carac avec son contrat Profileo ou Monceau Assurances avec Dynavie ont communiqué un taux de 2,2% net de frais de gestion et avant prélèvements sociaux.
Ces assureurs parviennent ainsi un maintenir un taux stable et ceux, alors même que des institutions comme la Banque de France incitent les assureurs à revoir leur taux de rémunération à la baisse. Une position qui ne semble pas forcément viable sur le long-terme et qui devrait pousser, tôt ou tard, à une uniformisation de l'ensemble du secteur. Mais surtout pousser les clients à se tourner vers des produits plus risqués.
Inciter les épargnants à prendre plus de risques
“Si vous restez à 100 % en capital garanti, vous n'aurez que vos yeux pour pleurer". Cette phrase, volontairement provocatrice, prononcée par Gérard Bekerman, le président de l'Afer, résume bien le point de vue des acteurs du secteur.
Pour eux, les épargnants devront accepter de prendre plus de risques s'ils veulent obtenir une rémunération sur leur placement. Cela passera nécessairement par des investissements sur des fonds plus risqués. Pour le moment, le fonds euros représente trois quarts des encours sur l'assurance-vie.
Toujours selon Gérard Bekerman, « l'assurance-vie risque d'appauvrir les épargnants, il y en a 17 millions qui sont concernés [...] Si nous voulons ne pas décevoir les épargnants, les détenteurs de contrats d'assurance vie, nous devons les préparer au changement ». Le changement en question consisterait à inciter les épargnants à davantage miser sur l'unité de compte et sur le nouveau fonds eurocroissance. Reste désormais à savoir si les épargnants joueront le jeu...