Banque : en dix ans, les frais de tenue de compte ont explosé
Alors que le secteur est actuellement en pleine mutation, la stratégie des banques s'est fortement modifiée lors de la dernière décennie.
Et si le secteur bancaire était actuellement à la croisée des chemins ? Lors de la dernière décennie, plusieurs mutations ont profondément bouleversé l'industrie. Déjà secoués par l'arrivée de la banque en ligne, les acteurs traditionnels doivent également composer avec la stratégie agressive des néo-banques.
D'ailleurs, les banques mobiles incarnent parfaitement l'un des défis les plus importants qui s'est imposé au secteur ces dernières années : l'enjeu technologique. À cela, il faut également ajouter un contexte de taux bas prolongé. Une conjoncture qui a obligé les banques à changer radicalement de modèle. Quitte, parfois, à y laisser des plumes.
Bien évidemment, toutes ces mutations ont un impact aussi bien positif que négatif sur les tarifs bancaires. Bien souvent, les prix servent de variable d'ajustement pour les banques qui cherchent avant tout la rentabilité. Une situation qu'a décryptée le cabinet Sémaphore Conseil pour « Les Échos ». Il a ainsi pu analyser l'évolution de 18 banques depuis 2010 (banques nationales, mutualistes régionales et banques en ligne).
Cap sur la digitalisation... Au détriment des services en agence
Premier constat indéniable, lors des dix dernières années, un effort conséquent à été consenti sur la numérisation des services. Ainsi, un basculement s'est opéré. Le prix des services réalisés via l'internet a diminué, tandis que ceux réalisés en agence ont progressé. À travers cela, un objectif assumé : l'autonomisation du client.
D'ailleurs, cette bascule du traitement physique du client vers le service dématérialisé s'est globalement généralisée. À tel point qu'une taxation de certains services, encore payant il y a une dizaine d'années paraîtrait aujourd'hui à minima très étonnante. Comme le rappelle le cabine Sémaphore, en 2010, les frais de consultation de comptes à distance étaient encore payants pour 70 % des banques. Une hérésie de nos jours.
Autre symbole du basculement vers le digital, la gratuité des virements sur Internet s'est également généralisée tandis que, dans le même temps, les mêmes opérations réalisées en agence ont vu leurs coûts moyens augmenter de 28 % (3,70 € par virement selon Semaphore).
Enfin, lors de la dernière décennie, le coût de la mise à disposition de fonds a lui aussi fortement augmenté en agence (61 %). Tout comme la location annuelle de coffre-fort qui a progressé de 14 % et qui coûte désormais 99 € en moyenne.
Les frais de tenue de compte ont augmenté de 1000 % en 10 ans
En définitive, l'impact de la technologie sur les prix fut particulièrement important ces dernières années. Mais, une nouvelle fois, il n'est pas le seul facteur.
Le second constat est ainsi beaucoup plus imputable à la conjoncture économique. Largement impactées par un contexte de taux bas qui ne cesse de se prolonger, les banques ont généralisé les frais de tenue de compte.
Lors de la décennie écoulée, ces frais, beaucoup plus rares en 2010, ont vu leurs prix augmenter de 1 095 % ! Soit 17,06 euros en moyenne contre 1,43 euro à l'époque, selon les chiffres des 18 banques du panel Sémaphore conseil/Les Échos.
Dans les faits, les raisons d'une telle envolée sont assez simples, mais méritent d'être explicitées. Alors que les ménages peuvent bénéficier de taux extrêmement bas sur les crédits immobiliers, la donne est totalement différente en matière d'épargne.
Toutes les liquidités qui dorment sur les comptes sont taxées par la Banque Centrale Européene. Des taxes qui contribuent à une baisse de rentabilité des banques, qui, pour compenser, augmentent les frais de comptes afin de s'émanciper également des revenus de taux.
Dans le secteur bancaire, tous les coups sont permis...
Enfin, difficile de ne pas évoquer l'arrivée des nouveaux acteurs. Encore peu présents, voire inexistants, il y a 10 ans, l'arrivée des néo-banques et des banques en ligne a profondément challengé le modèle des banques traditionnelles.
Avec comme crédo la gratuité des cartes et des fonctionnalités, elles ont pu se faire une place dans le monde impitoyable de la banque. Et surtout se créer une clientèle solide.
Pour les banques en ligne, la stratégie est différente : la gratuité d'accord, mais pas sans contrepartie. Elles incitent donc les clients à les choisir comme étant leur banque principale. Même si le prix des cartes reste élevé (325 € pour une Visa Infinite en 2018) et que les cotisations annuelles augmentent (de 5,5 % à 14,8 % en 10 ans), elles compensent par des opérations sur cartes moins importantes (- 30 % en 10 ans).
Sur tous les plans, la banque d'aujourd'hui est donc radicalement différente. Moins incarnée, plus diversifiée, mais aussi, parfois, plus chère, elle semble constamment en évolution, surtout à l'aune d'une révolution numérique qui n'en est encore qu'à ses balbutiements. Difficile donc d'imaginer ce que l'avenir nous réserve... Pour le savoir, rendez-vous dans 10 ans...