Crédit immobilier : les femmes paient plus cher
Selon une étude menée par le comparateur d'assurance de prêt Magnolia, les inégalités femmes-hommes ne s'arrêtent pas au salaire. Au contraire, cette première différence conduit mécaniquement à d'autres déséquilibres, notamment au niveau des emprunts bancaires.
En moyenne, une femme emprunte 11 % de moins qu'un homme
La Journée internationale des droits des femmes, qui se tenait ce vendredi 8 mars, a été l'occasion pour des acteurs du monde économique de publier des enquêtes et des études à propos des inégalités qui persistent entre les sexes. Après Cofidis, qui s'intéressait il y a quelques jours au pouvoir d'achat des femmes, c'est au tour de Magnolia, cette fois, de traiter le sujet des capacités d'emprunt.
Des femmes moins solvables
Le comparateur d'assurance de prêt fait d'abord état d'une proportion prépondérante d'hommes parmi ses dossiers traités en 2018. Sur les 1 746 emprunteurs seuls étudiés pour l'enquête, 68 % sont des hommes. À l'échelle de toutes les demandes de l'an dernier, cette proportion tombe, mais reste majoritaire, à 56 %. Cette première donnée s'explique, selon Magnolia, par la tendance qu'ont les femmes à disposer de ressources plus faibles, les excluant de fait de l'accès au crédit par "défaut de solvabilité".
En effet, toujours selon les chiffres donnés par la société, les femmes gagnent, en moyenne, 25 % de moins que les hommes par an. À poste équivalent, une femme aura un revenu de 13 % inférieur à celui de ses collègues. Cette différence est "lourdement préjudiciable" au moment du financement d'un projet immobilier.
Un emprunt moyen de 165.674 €
Du point de vu des sommes empruntées, là aussi, un fossé existe. Alors qu'un homme empruntera en moyenne à hauteur de 174.337 €, une femme, elle, souscrira pour un montant moyen de 165.674 €. Ce n'est pas la seule différence, puisqu'au niveau des taux pratiqués, sans compter l'assurance, une nette disparité apparaît. En moyenne, un homme aura un taux d'1,60 %, tandis qu'une femme en aura un d'1,76 %.
L'étalement de la durée de remboursement n'est également pas identique selon le sexe. Celle-ci représente plus de dix-sept ans et demi pour une femme (211 mois), alors que pour un homme, cette durée n'est plus que de 190 mois, c'est-à-dire, moins de seize ans.
Des primes d'assurance plus chères
Enfin, une dernière injustice mise en évidence par l'étude de Magnolia concerne les primes d'assurance. Pour un homme, le coût total de ces dernières sur la totalité du crédit s'élève à 4.589 €. C'est 342 € de moins que pour une femme, où cette même donnée arrive cette fois à 4.931 €. L'étude précise que cette somme plus importante est la conséquence de la durée plus longue de remboursement pour les femmes.
Magnolia évoque aussi les facteurs qui conduisent, selon eux, à de si fortes inégalités. La société met en avant la part de cadres plus faible chez les femmes que chez les hommes (14,7 % contre 20,5 %). Des tendances plus difficilement quantifiables sont aussi à l'oeuvre, toujours selon eux, comme la présence plus rare des femmes dans les milieux d'activités fortement rémunérés, les interruptions de carrière plus fréquentes, et enfin, la propension de certaines femmes à ne pas "oser négocier leur salaire".
Quoi qu'il en soit, la situation devrait être compliquée à corriger : la Cour de justice de l'Union européenne rend impossible, depuis la fin de l'année 2012, de considérer le genre comme un critère pour déterminer le montant des primes et des prestations.