Cryptomonnaie : la Chine s'apprête à lancer sa monnaie virtuelle, Libra sauve les meubles
Tandis que Libra, la cryptomonnaie de Facebook fait face à de nombreuses difficultés, la Chine vient d'annoncer que sa monnaie virtuelle pourrait être lancée dès le 11 novembre prochain.
Décidémment tout va très vite dans le monde des monnaies virtuelles. Il y a quelques mois, le géant américain Facebook annonçait avec fracas le lancement prochain de Libra, sa monnaie virtuelle. Une annonce tonitruante appuyée ensuite par le ralliement au projet de nombreuses entreprises prestigieuses comme Mastercard, Visa ou PayPal.
Depuis, de l'eau a coulé sous les ponts. Libra s'est ainsi retrouvé au coeur de nombreuses critiques de la part d'États soucieux de conserver leur souveraineté monétaire. Dans le même temps, certains de ses partenaires quittaient le navire, faute de garanties suffisantes.
Une situation analysée de loin par l'État chinois, qui, dans l'ombre, préparait patiemment son plan d'attaque. Pendant que Libra voit le ciel s'assombrir de jour en jour, la Chine vient d'annoncer que sa monnaie virtuelle pourrait être lancée dès le 11 novembre prochain.
Monnaie virtuelle ou monnaie électronique ?
En réalité, le projet de cryptomonnaie chinois serait déjà sur les rails depuis 5 ans. Alors qu'il y a encore quelques années, la Chine était LA place forte du Bitcoin, elle avait décidé de fermer les plateformes d'échanges de Bitcoin, faute de pouvoir les réguler suffisamment. Une décision forte lorsque l'on sait que les trois principales plateformes chinoises (BTC China, Okcoin et Huobi) représentaient plus de 98 % des échanges mondiaux.
De plus, sur fond de conflit commercial sino-américain, Pékin a pu s'inquiéter de l'arrivée de la Libra de Facebook, qui, malgré l'interdiction du réseau social en Chine, pourrait représenter un danger pour le yuan. Surtout à un moment ou l'État Chinois entend stabiliser sa monnaie.
Pour l'instant, peu d'informations ont filtré sur la future monnaie du régime communiste : « Nous pouvons envisager une technologie de type blockchain (comme celle du bitcoin) ou une autre technologie qui évoluerait à partir des paiements électroniques existants », a indiqué Yi Gang, patron de la banque centrale chinoise.
Une monnaie qui pourrait donc être davantage une monnaie électronique puisqu'elle s'appuierait sur une gestion centralisée, c'est-à-dire stockée sur un support alors qu'une monnaie comme Bitcoin repose sur des ordinateurs en réseaux.
Un crypto-yuan disponible dans très peu de temps ?
Comme indiqué précédemment, le mystère pourrait être levé très rapidement, puisqu'une date de lancement au 11 novembre prochain circule actuellement dans différents médias chinois. Une date loin d'être anodine, puisqu'elle correspond au jour de la « fête des célibataires », une date synonyme de nombreux achats en ligne en Chine.
Le mois dernier, Yi Gang avait d'ailleurs indiqué que la future monnaie serait associée aux moyens de paiement électronique (WeChat, AliPay..) déjà utilisés par de nombreux Chinois pour régler les achats via leurs smartphones. De plus, un lancement rapide pourrait avoir de nombreux avantages pour Pékin.
D'un point de vue économique, le crypto-yuan pourrait ainsi prémunir la Chine d'éventuelles sanctions de la part des États-Unis en réduisant sa dépendance au dollar. Par ailleurs, il permettrait de remplacer peu à peu l'argent liquide tout en coupant l'herbe sous le pied de Facebook, mais aussi d'autres géants américains qui envisageraient le lancement d'une monnaie virtuelle.
D'un point de vue social, l'introduction de la monnaie électronique pourrait permettre à la Chine d'accentuer son contrôle sur sa population. Un processus déjà entamé par le tristement célèbre « crédit social » et les caméras de surveillance à reconnaissance faciale. Grâce à une monnaie virtuelle, elle pourrait ainsi surveiller davantage.
"Black Mirror" en vrai : la Chine expérimente la "note sociale" pour régir ses citoyens. D'ici à 2020, les 1,386 milliard de citoyens chinois seront tous mis sous surveillance et évalués. (Envoyé spécial - France 2)pic.twitter.com/owPl8iPSA5
- Infos Françaises (@InfosFrancaises) October 16, 2019
Et Libra dans tout ça ?
Pendant que la monnaie virtuelle chinoise semble prendre son envol, la situation de Libra continue d'interroger. En France, le gouvernement s'est d'ores et déjà prononcé contre le développement de Libra sur le sol européen.
#Libra ne soulève pas seulement des problèmes de sécurité et de stabilité financière. Libra demande en réalité aux États de partager leur souveraineté monétaire avec une entreprise privée. C'est inacceptable !
- Bruno Le Maire (@BrunoLeMaire) October 17, 2019
Ma tribune⤵️ https://t.co/cA2Uysu47j
Dans le même temps, Visa, Mastercard, Stripe, Ebay et Paypal se sont retirés du projet. Soit 5 des 28 partenaires annoncés du Libra. Et pas n'importe lesquels. D'ailleurs, Mark Zuckerberg devra se rendre, le 23 octobre prochain, devant la Commission des services financiers de la Chambre des représentants pour répondre à une session de questions.
Malgré cette hostilité croissante, les dirigeants de Calibra (l'entreprise qui gère Libra) continuent d'être optimiste. C'est en tout cas le message qu'ils ont voulu faire passer en substance lors de leur première réunion tenue à Genève, le lundi 14 octobre. Au coeur de la conférence, une affirmation claire et sans détour : « Non, Libra n'est pas mort ».