Un tiers des banques en faillite en cas de nouvelle crise
Brexit, tensions commerciales, ralentissement de la croissance chinoise... Tout semble indiquer qu'une crise économique est à venir. Dans le même temps, les banques semblent plus fragiles que jamais. Selon une récente étude, près d'une sur trois ne se relèverait pas dans le cas d'un retournement de conjoncture.
Selon un étude, 35 % des banques ont une rentabilité trop faible pour survivre en cas de crise - © Markus Spiske
2019 sera-t-elle l'année d'une nouvelle crise économique ? Lors des réunions d'automne du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale, les deux institutions ont mis en garde contre le ralentissement de la croissance mondiale. En effet, les tensions commerciales exacerbées par le président Trump – dans un premier temps essentiellement contre la Chine et désormais contre l'Union européenne – pourraient bien finir par impacter négativement la production de richesse à l'échelle internationale.
Les échanges internationaux ralentissent
Ainsi, le volume des biens et services échangés devrait être inférieur aux prévisions, avec une croissance de seulement 1,1 % en 2019 (- 3,6 % par rapport à 2018). Il s'agit de la plus faible progression depuis 2012. En plus de la « guerre commerciale », les incertitudes liées au Brexit contribuent à assombrir l'horizon, sans parler du net ralentissement de la croissance chinoise.
Cet état de fait est d'autant plus inquiétant lorsque nous le mettons en perspective avec l'actuelle fragilité du secteur bancaire. Selon Les Echos, qui relate une étude du cabinet de conseil McKinsey à paraître demain, de nombreuses banques ne seraient pas en mesure de faire face à un retournement de conjoncture.
Les banques particulièrement vulnérables
Sur les 1.000 banques étudiées, 354 présentent une rentabilité « anormalement faible ». En effet, avec une rentabilité sur fonds propres tangibles d'à peine 1,6 %, c'est plus du tiers des établissements qui sont menacés de faillite en cas de nouvelle crise économique. Encore plus inquiétant, à cause de leur faible rentabilité, 80 % des banques étudiées détruisent de la valeur au lieu d'en créer.
Cette faible rentabilité s'explique notamment par l'actuelle faiblesse des taux d'intérêt. Une banque, dans ces conditions, n'a d'autre choix, pour défendre son chiffre d'affaires, que de miser sur un plus grand volume d'opérations, et donc de clients. Les particuliers profitent d'un meilleur taux et se voient alors accorder plus facilement un emprunt, mais les banques ont davantage de difficulté à se rentabiliser.
Le secteur bancaire se serre la ceinture
Cette situation permet d'expliquer la multiplication des plans de restructuration au sein des banques européennes. Pour contrer leur perte de revenu, les établissements se trouvent contraints de recentrer leur activité et de réduire leur effectif. BNP Paribas, première banque française, va ainsi supprimer, dans les années à venir, de nombreux postes dans ses filiales étrangères (2.200 en Belgique et 1.500 en Italie). L'entreprise va également mettre fin à son activité de trading pour compte propre.
Cette tendance est d'autant plus marquée en Allemagne, où Deutsche Bank a lancé cet été le plus grand plan de restructuration de son histoire, avec 18.000 suppressions d'emplois d'ici 2022. Les banques des autres pays européens n'échappent pas non plus à cette logique. Les établissements britanniques Barclays et HSBC sont également en repli, tandis que la banque espagnol Santander a annoncé en juin se séparer de 10 % de ses effectifs en Espagne, tout comme sa compatriote CaixaBank, qui supprimera 2.000 postes d'ici la fin de l'année prochaine. Le secteur semble bien se préparer au pire.