Cryptomonnaie : la France s'oppose au développement de Libra sur le sol européen
Ce jeudi, Bruno Le Maire, le ministre de l'Économie s'est exprimé sur le cas de Libra. Il s'oppose fermement au développement de la monnaie virtuelle sur le sol européen.
De toutes les mutations du système bancaire et monétaire liées à la digitalisation, les cryptomonnaies sont probablement celles qui attisent le plus de craintes. Que ce soit sur l'expansion de la banque en ligne (Boursorama, ING, Fortuneo) ou l'arrivée des néo-banques (Revolut, N26), jamais les réactions ne furent aussi vives que celles qui ont suivie l'annonce du lancement de Libra, la monnaie virtuelle de Facebook.
Présent à l'ouverture d'une conférence de l'OCDE consacrée aux défis des cryptomonnaies, Bruno Le Maire, le ministre français de l'Économie et des finances en a profité pour affirmer la position française vis-à-vis de la future cryptomonnaie Facebookienne. Il a notamment annoncé que la France refusait d'autoriser le développement « sur le sol européen » de Libra. Pour rappel, Facebook souhaite lancer sa monnaie virtuelle en 2020.
La souveraineté monétaire des États est en jeu
Pour Bruno Le Maire, les dispositions actuelles du Libra mettent en danger la souveraineté monétaire des États : « la souveraineté monétaire des Etats est en jeu [...] je veux le dire avec beaucoup de clarté : dans ces conditions, nous ne pouvons pas autoriser le développement de la Libra sur le sol européen » a-t-il notamment expliqué durant la conférence.
En effet, depuis son annonce, certains doutes entourent la monnaie développée par la firme de Mark Zuckerberg. Certains craignent, par exemple, qu'elle puisse se substituer aux monnaies nationales, surtout dans les États où la devise est faible ou connaît une forte dévaluation : « Toute défaillance dans le fonctionnement de cette monnaie, dans la gestion de ses réserves pourrait créer des désordres financiers considérables ».
Risque de financements occultes via le Libra
Autre problème de taille : les autorités françaises s'inquiètent des potentiels financements occultes qui pourraient être réalisés via le Libra. Notamment le financement du terrorisme. Plus qu'un problème uniquement lié au Libra, la problématique se pose plus globalement pour les cryptomonnaies depuis qu'elles existent.
D'ailleurs, la crainte de voir le Libra échapper au contrôle des États avait déjà été évoquée par Bruno Le Maire lors du G7 Finances de Chantilly en juillet dernier : « Je ne vois pas pourquoi nous portons autant d'attention depuis des années à éviter toute utilisation d'une monnaie pour le blanchiment et pour la lutte contre le financement du terrorisme et qu'une monnaie digitale comme Libra échapperait à ces obligations » a-t-il cette fois affirmé.
Le Libra dans une zone de turbulence
Depuis son annonce, mi-juin, le projet du Libra suscite des inquiétudes de la part des banquiers centraux, des politiques et des autorités de régulation.
Jusqu'ici, Facebook pouvait compter sur le soutien de nombreuses grandes firmes qui ont accepté de nouer un partenariat avec la firme des GAFA. Cependant, dernièrement, de nombreuses rumeurs de désistements ont été relayés par le Financial Times.
Toujours annoncé pour 2020, le Libra est donc encore bien loin de débarquer sur la toile. Et si, finalement le lancement de la monnaie virtuelle était le plus grand défi de la firme américaine depuis son lancement...