Election présidentielle : le programme logement de Nicolas Dupont-Aignan
A quelques jours du premier tour des élections présidentielles, BoursedesCrédits est allé à la rencontre des candidats. La question du logement n'a été que peu abordée dans la campagne. Focus sur le programme du candidat de Debout la France ! Nicolas Dupont-Aignan, avec son chef du programme présidentiel Alexis Villepelet.
Il souhaite étendre le prêt à taux zéro à la rénovation énergétique dans des conditions identiques à l'acquisition.
BoursedesCrédits : Quelle est votre vision de la politique du logement menée lors du quinquennat de François Hollande ?
Alexis Villepelet : Les Français se logement de plus en plus difficilement. Le mal-logement est le résultat de la crise économique et des politiques du logement inefficaces. Chaque année, de plus en plus de Français s'enfoncent dans la précarité sans perspective d'amélioration. Le rapport 2016 de la Fondation Abbé-Pierre donne la mesure d'une situation dramatique : 3,8 millions de personnes mal-logées, 582 bidonvilles recensés sur le territoire français et 12 millions de personnes en situation de précarité énergétique.
L'absence d'une politique corrigeant les déséquilibres spatiaux en matière d'emploi vide des milliers de logements dans de nombreuses villes moyennes, portant dorées de toutes infrastructures utiles. La population part, le bâti se dégrade et les délais de vente s'allongent. Le logement est donc devenu une source d'angoisse et de difficulté pour trop de Français.
Comment décririez-vous votre politique/vision du logement ?
A.V. : Nicolas Dupont-Aignan souhaite mettre en place une "France de propriétaires", un objectif jamais atteint en 30 ans. En 2016, la France compte 34 millions de logements, dont 83% sont des résidences principales. La proportion de ménages propriétaires de leur logement principal a stagné depuis 10 ans, l'un des plus faibles de l'Europe Occidental. Ainsi, nous voulons encourager la propriété en visant deux tiers des ménages propriétaires, soit 500.000 nouveaux accédants par an.
Nous souhaitons également adapter l'offre de logement aux besoins des Français. Cet effort passera par stimuler la construction en ville et accélérer la transition énergétique notamment dans l'ancien. Nous voulons dans ce sens simplifier la règlementation et rendre plus efficace l'action publique.
Maintiendrez-vous la loi Alur et l'encadrement de loyers ? Pourquoi ?
A.V. : Nous ne maintiendrons pas l'encadrement des loyers, une source de stress pour les propriétaires. Il faut plus de flexibilité et moins de coercition.
Allez-vous poursuivre la politique d'incitation à l'investissement locatif ? Maintiendrez-vous le dispositif Pinel ? Pourquoi ?
A.V.: Nous souhaitons reconduire ce dispositif d'incitation à l'investissement locatif Pinel. Globalement, dans les mêmes termes.
Faut-il revoir les aides à la pierre ?
A.V. : Nous voulons renforcer l'impact du prêt à taux zéro (PTZ) en augmentant significativement la période de différé d'amortissement, y compris pour les tranches de revenus médians, et en le réservant au neuf ou à l'ancien réhabilité.
Nous souhaitons également créer une garantie de l'Etat sur une partie de l'apport personnel afin de pousser les Français à devenir propriétaires.
Quels seront vos objectifs sur le logement social ?
A.V. : Tout d'abord, il est essentiel de mettre en place une gestion transparente du logement social, autant sur les appels d'offres que sut la gestion des charges. Pour ce qui est de l'objectif chiffrable, nous tablons sur 250.000 logements sociaux par an.
Mais notre priorité est la mise en place d'un contrat de location accession. Il permettrait aux locataires de transformer leur loyer mensuel en mensualités de remboursement anticipé, avec une option d'achat à l'issue d'une période de 10 ans. Le contrat serait alors associé à une décote en fonction du montant cumulé des loyers déjà versés par l'occupant. L'objectif est double : encourager l'accession sociale à la propriété.
De plus, nous voulons donner les moyens aux communes de faire du logement social "en direct", sans passer par un bailleur social. L'objectif serait de dynamiser le patrimoine communal, assurer des revenus de fonctionnement complémentaires à la commune, mais aussi maîtriser le choix des locataires pour favoriser la mixité sociale.
Quelles évolutions accorderez-vous à la loi SRU ?
A.V. : Nous prônons une refonte totale de la loi relative à la solidarité et au renouvellement urbain. En effet, elle est contreproductive pour de nombreux maires. Ainsi, nous voulons inclure l'accession sociale à la propriété dans le décompte du quota de logements sociaux. Il faudrait également gérer ce quota au niveau de l'intercommunalité et non de la commune. Et enfin, il est urgent de faire porter les prescriptions de la loi sur les flux et non les stocks.
Estimez-vous suffisantes les mesures actuelles sur la rénovation énergétique ?
A.V.: Il est nécessaire de renforcer les incitations à la construction de logements énergétiquement performants afin de faciliter la transition énergétique des territoires et d'améliorer le cadre de vie des Français. En particulier, le développement des "villes intelligentes" est un enjeu majeur du développement économique des territoires à l'ère du numérique. Les gains réalisés via l'optimisation de la consommation électrique et une meilleure gestion des déchets et de l'eau pourront être réinvestis dans le développement d'espaces verts et des transports publics. Les Pays-Bas se sont lancés dans ce créneau avec un certain succès.
Par ailleurs, il parait nécessaire d'étendre le prêt à taux zéro à la rénovation énergétique dans des conditions identiques à l'acquisition.
Enfin, nous lancerons un livret d'épargne spécifique pour financer des travaux sous la forme d'un prêt dédié.
Quelle est votre position sur la réglementation des plateformes de locations saisonnières ?
A.V.: Nous pensons qu'une réunion est nécessaire avec tous les acteurs de l'immobilier afin de réfléchir sur la question. Cette réunion aurait lieu au cours des six premiers mois du quinquennat afin de trouver une solution le plus rapidement possible.
Si M. Dupont-Aignan est élu, quelles seront ses premières mesures sur le logement ?
A.V.: Sur le logement, nos premières mesures seront :
- Supprimer les droits de mutation pour les primo-accédants
- Renforcer l'impact du prêt à taux zéro
- Réduire le délai sur l'exonération d'impôt immobilière à 10 ans
- Accélérer le plan haut débit en équipant l'ensemble du territoire d'accès internet à très haut débit afin que les entreprises puissent s'installer partout.