Épargne : quelles seront les conséquences de la baisse du livret A à 0,50 % ?
Alors que le taux du livret A devrait baisser à un niveau jamais atteint jusqu'ici, la mesure est loin de faire l'unanimité. Pour certains, elle pourrait avoir un effet néfaste sur la confiance des épargnants.
La baisse des taux n'a pas que des effets bénéfiques. Si cette dernière a pu se révéler particulièrement avantageuse pour les emprunteurs immobiliers, la donne se révèle tout autre en matière d'épargne. En effet, voilà deux ans que le taux du livret A est gelé à 0,75 %.
Un taux peu rémunérateur qui devrait encore être amené à baisser en ce début d'année. Il passera ainsi à 0,50 % au 1er février prochain. Un niveau jamais atteint pour le livret d'épargne préféré des Français.
Problème, la décision du gouvernement, défendue par le ministre de l'Économie et des finances, est loin de faire l'unanimité, et ceux, au sein même de la majorité.
Une nécessité pour le gouvernement...
Amené à s'exprimer sur le sujet lors d'un colloque sur l'épargne, en octobre dernier, Bruno Le Maire avait pu détailler la nécessité de baisser le taux de rémunération du livret A. Pour lui, comme pour Éric Lombard, directeur de la Caisse des Dépôts, c'est avant tout l'adoption d'une nouvelle méthode de calcul qui est indispensable.
« L'application de la nouvelle formule de calcul du taux dès février 2020, avec un taux plancher de 0,50 %, est bienvenue », expliquait ainsi Éric Lombard selon des propos rapportés par La Tribune.
Dans le détail, ce nouveau mode de calcul s'appuiera sur la moyenne semestrielle du taux d'inflation d'une part, et celle des taux interbancaires à court terme d'autre part.
D'ailleurs, selon eux, la baisse du taux de rémunération du livret A ne serait pas très impactante pour les épargnants français. Elle ne représenterait qu'une baisse de l'ordre d'un euro par mois aux épargnants. Elle permettrait dans le même temps d'alléger les charges financières pour le logement de 317 millions d'euros en année pleine.
... Mais des désaccords au sein même de la majorité
Pourtant, cette baisse est loin de faire l'unanimité. Même au sein de la majorité, certaines voix s'élèvent contre cette future baisse. Pour certains députés, elle pourrait même s'avérer contre-productive.
C'est le cas, de Jacques Savatier, membre de la Commission de la Caisse des dépôts et consignations (CDC) et député de la Vienne. Ce dernier estime que la baisse du taux de rémunération du livret A entrainerait une baisse de la confiance des épargnants, déjà largement érodée par la situation sociale actuelle :
"Il y a déjà des sujets sociaux dans le débat public, je pense que ce n'est pas la peine d'en rajouter [...] Je n'ai vu personne applaudir une baisse de taux du livret A. Pratiquement tout le monde est concerné et si les gens ne comprennent pas, ils ne peuvent pas avoir confiance » explique-t-il notamment sur France 3.
Pour le député, d'autres leviers permettraient de ne pas toucher à une épargne de précaution particulièrement appréciée des Français. Selon lui, un équilibre pourrait être trouvé entre « juste rémunération de l'épargne et prêts attractifs à destination de l'investissement social".
Bonne idée ou non, la baisse du Livret A apparaît en tout cas comme un nouveau camouflé pour l'épargne de précaution, pourtant très populaire en France. Pour preuve, 4 personnes sur 5 possédaient un livret A en 2017, soit 55 millions de personnes. En 2019, le montant de l'épargne sur ce livret a encore augmenté de 14 milliards pour atteindre 420 milliards d'euros.