Épargne : faut-il se ruer vers l'or en 2020 ?
En 2019, l'or a vu sa valeur grimper de 19 %. Mais les épargnants français doivent-ils continuer à investir dans ce précieux métal en 2020 ?
L'once d'or à 1588 dollars américains en janvier 2020. © Pixabay
Historiquement, l'or est perçu comme un « investissement refuge », pour lequel il y aura toujours des possibilités de revente. Sa valeur est intimement liée à l'actualité et a tendance à augmenter en temps de crise.
Une valorisation liée à la géopolitique
Les tensions entre les États-Unis et l'Iran, intensifiées par le raid américain en Irak le mois dernier, génèrent des incertitudes sur le marché pétrolier. Circonstance qui provoque une migration des investisseurs de l'or noir vers l'or jaune.
Le cours de l'or repose en grande partie sur la valeur du dollar, qui fluctue. À ce jour, l'achat reste tout de même profitable pour les investisseurs en euros (alors que 1,00 Euro = 1,09 U$D), malgré une remontée de la monnaie américaine. L'irruption du coronavirus en Chine – en plus d'avoir créé une instabilité générale sur les marchés financiers, de par la multitude de relations commerciales du pays – a revalorisé le dollar.
Cela pourrait faire des prochains mois une période favorable, non pas à l'achat de l'or, mais à sa revente. Avec une hausse de l'once de 100 dollars depuis novembre 2019, le cours de l'or promet de continuer sa remontée. Christophe Moulin, responsable Stratégie Multi Asset chez BNP Paribas AM, déclare au quotidien Le Monde que l'or devrait gagner encore 10 % à 15 % de valeur dans les mois à suivre.
Un placement refuge pour les épargnants...
Les rendements de l'or physique reposent sur la revente, pour laquelle il faut attendre une occasion propice. L'achat d'or physique convient donc à ceux souhaitant avant tout protéger leur épargne, à l'image de l'épargne de précaution ou de long terme.
La détention d'or physique ne dégage pas d'intérêts et pourrait, par conséquent, sembler peu avantageuse. Mais la situation actuelle des taux d'intérêt des livrets d'épargne, quasiment nuls ou négatifs, réduit l'importance des rendements aux yeux des particuliers.
Consultant pour CPoR Devises – société leader du marché de l'or monétaire – le spécialiste François de Lassus affirme que ce contexte est également responsable de la précipitation des Français vers ce métal reluisant. Ils cherchent à abriter au mieux leur épargne des fluctuations du marché.
...mais dont les retours peuvent désenchanter
L'inconvénient de l'or physique en tant que produit d'épargne est donc sa faible fluidité. Sa possession ne génère pas de bénéfices ou de dividendes. Dans le cas éventuel d'un besoin soudain de liquidité, il n'est pas inconcevable que le particulier n'encaisse aucune prime, ou pire, perde du capital, au cas où la valeur de l'or soit basse en ce moment de nécessité.
Le décalage entre la perception de la rentabilité de l'or physique et sa réalité est dû à une confusion avec celle de l'or papier.
Celui-ci permet d'investir dans l'or sans effectivement en acquérir, par le biais du fonds ETC (Exchange Trade Commodities). Son fonctionnement, cependant, s'apparente avant tout à un fonds boursier et implique plus de risques. Ses dividendes sont réguliers et plus élevés, mais son capital n'est pas nécessairement garanti. Il n'est pas non plus éligible à l'assurance-vie. Loin donc, de la sécurité recherchée par les Français pour leur épargne.