Expulsée de son HLM pour des trop gros revenus
Devenue "trop riche" pour conserver son logement HLM, une locataire sexagénaire va devoir quitter l'appartement qu'elle loue depuis 26 ans.
Une locataire "trop riche" va être expulsée de son HLM
"C'est à la fois une première mais également un cas banal". Serge Contat, directeur de la Régie immobilière de la Ville de Paris (RIVP) contacté par Le Figaro, essaye de trouver les mots justes concernant l'expulsion dont va être victime une locatrice d'un logement social de 80m² rue Saint-Charles dans le XVe arrondissement de Paris.
Agée de 61 ans, madame G. est kinésithérapeute et loue depuis 26 ans le même logement, profitant chaque été de la grande terrasse qui lui est allouée. Cependant, sur décision de justice rendue le 16 janvier, la sexagénaire va devoir quitter ce logement de la RIVP, ses revenus étant devenus supérieurs aux ressources maximales pour occuper un HLM.
Un loyer qui est passé de 440 à 1146 euros par mois
A l'époque où Madame G était légitime pour un logement social, son loyer était de 440 euros. Avec la loi Boutin, qui impose à l'occupant de payer un surloyer si, pendant deux ans, ses revenus excèdent de 200% le plafond fixé lors de l'attribution du logement, son loyer s'est envolé à 1146 euros par mois. Madame G. gagnait en effet 60.000 euros par an.
Fin 2015, la sexagénaire était censée quitter les lieux à cause de la loi Molle. Celle-ci mentionne qu'un locataire a trois ans pour laisser sa place à une famille considérée comme davantage prioritaire mais Mme G. ne l'a pas entendu de cette oreille. "Elle a refusé de partir", raconte Serge Contat, et "trouve injuste de devoir partir", confie son entourage. Ce sont les allers-retours au tribunal qui finiront par sceller le sort de cette affaire. Il reste moins de six mois à Madame G. pour préparer son départ.
Sur les 40.000 logements que gère la RIVP, 165 personnes illégitimes à conserver leur HLM feraient l'objet d'une procédure. "Ce sont généralement des quinquagénaires ou des sexagénaires. La plupart partent d'eux-mêmes. Mais d'autres sont des cas plus compliqués car ils partent à la retraite ou ont perdu leur emploi. Du coup, ils redeviennent légitimes à rester dans leur HLM voire affichent des ressources inférieures au plafond maximal...", raconte Serge Contat.