FinTech : l'Open Banking est mort, vive l'Open X
Comme chaque année, Capgemini et l'EFMA ont dévoilé leur World Fintech Report 2019. Il consacre la fin de l'Open Banking au profit d'un nouveau modèle : l'Open X.
Son règne fut court... Et pourtant, il semble déjà terminé. Selon le World Fintech Report 2019, une étude menée par Capgemini et l'Efma, l'Open-Banking serait déjà obsolète, selon eux, il convient maintenant de parler d'Open X.
Pour rappel, l'Open-Banking correspond à une plus grande transparence financière des options pour les détenteurs de comptes. L'entrée en vigueur de la directive DSP2 (directive sur les services de paiement), en septembre prochain, va pousser le secteur financier à s'ouvrir plus rapidement que prévu à une nouvelle phase d'innovation et ainsi pousser les acteurs à collaborer de manière plus poussée.
Anirban Bose, responsable de l'entité Services financiers et membre du Comité de Direction générale de Capgemini, explique ainsi que l'Open Banking n'était en réalité qu'une étape : « L'Open Banking a longtemps été considéré comme une transformation des services financiers, mais cette étude montre qu'il ne s'agit en réalité que d'une étape intermédiaire ».
L'ère de l'Open X
Au vu des conclusions du rapport, il semblerait en effet que les acteurs du secteur bancaire souhaitent sauter l'étape de l'Open Banking. Le rapport justifie cela par le fait que les FinTechs ont du mal à transposer leurs opérations à grande échelle et que les banques peinent à collaborer avec les FinTechs.
Pour ces raisons, un nouveau modèle se développe, celui de l'Open X « Le secteur est à la veille d'une évolution plus profonde vers un marché intégré que nous avons baptisé "Open X". Ce marché sera le théâtre de partages de données, et les partenaires de l'écosystème pourront collaborer de manière plus poussée. Notre étude suggère que les banques et les FinTechs doivent se préparer à un changement plus radical que prévu. » précise ainsi Anirban Bose.
L'objectif affiché est donc de renforcer la collaboration. Ainsi, l'Open X consacrerait une nouvelle forme de collaboration à la fois plus structurée et plus efficace, facilitée par la standardisation des interfaces de programmation d'applications (API). Ces dernières permettent aux tiers d'accéder aux systèmes et aux données bancaires dans un environnement contrôlé. En clair, l'API peut être résumée à une solution informatique qui permet à des applications de communiquer entre elles et de s'échanger mutuellement des services ou des données.
Pour le moment et malgré une utilisation accrue des données clients, les API ne sont pas encore monnaie courante. Cela s'explique par une réglementation complexe, rendant leur mise en place compliquée.
Le rapport précise aussi que deux modèles de monétisation des API sont envisagés : le partage des revenus (soutenu par 60% des banques et 70% des FinTechs) et les frais d'accès aux API (46% des banques et 55% des Fintechs). Cependant, seul un tiers des dirigeants d'établissements bancaires considèrent être suffisamment équipés pour monétiser les API à l'heure actuelle.
Concrètement, l'Open X donnera naissance à un nouveau marché dans lequel chaque acteur jouera un rôle spécifique. Le but affiché est de permettre des échanges de données et de services en toute transparence, une expérience client optimale et une innovation produit accélérée.
Banques et FinTechs devront adapter leurs modèles
Au vu des mutation qui s'amorcent, banques et FinTechs devront vite faire évoluer leurs modèles. Les banques devront ainsi se concentrer sur leurs domaines de spécialité.
Le WFTR 2019 identifie trois rôles stratégiques potentiels dans l'Open X :
• Les fournisseurs développeront des produits et des services ;
• Les agrégateurs regrouperont les produits et les services du marché pour les distribuer via des canaux internes et géreront la relation client ;
• Les orchestrateurs joueront le rôle de coordinateurs du marché en facilitant les interactions entre les partenaires.
Ceci étant, le rapport précise également que : « Les entreprises intégrées auront probablement des difficultés à s'aligner sur la rapide mise en place d'un écosystème de spécialistes et à répondre aux besoins spécifiques des clients. Sur le marché de l'Open X, de nombreux acteurs établis ne seront peut-être pas les mieux placés pour agir en tant qu'orchestrateurs, et leurs points forts pourraient les rediriger vers d'autres rôles. Cependant, quel que soit leur rôle dans l'Open X, ils doivent recruter les bons profils, exploiter les données et les technologies, et collaborer avec les FinTechs pour renforcer dans un premier temps leurs capacités internes, afin de proposer des services pertinents de manière compétitive dans le scénario d'Open Banking actuel. »
On se dirige donc vers un monde où les rôles seraient plus définis mais où il faudrait davantage compter sur son voisin pour être efficace. Reste à savoir maintenant si les différents acteurs seront enclins à embrasser cette nouvelle vision...
Interrogées sur ce qui empêche une collaboration efficace, 66% des banques et 70% des FinTechs évoquent des différences de culture ou d'état d'esprit entre les partenaires qui suggèrent que de nombreuses banques et FinTech ne sont pas prêtes pour l'Open Banking, et encore moins pour répondre aux besoins croissants en matière de partage et d'intégration de données qui découleront de l'Open X. Preuve est donc faite que de nombreux défi restent à relever...
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