Entre les fonds en euros et les unités de compte, l'enjeu du fonds « eurocroissance »

Timothée Talbi 18 Avril 2018 12:10

Créé en 2014, le fonds « eurocroissance » n'a pas rencontré le succès escompté depuis ses débuts. Pourtant, le ministre de l'Économie et des Finances, Bruno Le Maire, entend bien miser sur ce récent pilier de l'assurance-vie dans les années à venir.

Entre les fonds en euros et les unités de compte, l'enjeu du fonds « eurocroissance »Le gouvernement veut multiplier par dix les placements des épargnants en fonds "eurocroissance" sur le marché de l'assurance-vie dans les deux prochaines années

Le futur Plan d'Action pour la Croissance et la Transformation des Entreprises (dite loi Pacte) comporte notamment des mesures ayant pour but de réorienter l'épargne des Français vers le financement des entreprises. En effet, en France, une majorité des épargnants préfèrent ne pas prendre de risques dans ses placements en matière d'assurance-vie. Ainsi, sur les 1 700 milliards d'euros engrangés par l'assurance-vie, 80% des placements sont liés au fonds en euros, le reste aux unités de compte qui ne garantissent pas le capital placé. Le fonds « eurocroissance » emprunte des caractéristiques aux deux : il garantit le capital à une hauteur minimale de 80% mais seulement au bout d'une durée plancher octennale.

Les raisons d'un engouement mitigé

Tout d'abord, les garanties présentées par ce fonds « eurocroissance » ne sont pas totales puisqu'il n'est pas sûr de récupérer la totalité de ce qu'il a placé. Le problème est que la seule contrebalance à ce risque réel est la possibilité d'obtenir un rendement supérieur à ceux que peuvent offrir les fonds en euros tels que les obligations d'Etat. A cette exposition du capital de l'épargnant sur les marchés, s'ajoute le faible niveau des taux d'intérêt qui incite d'autant moins à l'investissement risqué. Enfin, le dispositif du fonds « eurocroissance » est relativement complexe et son principe, en revanche efficace, est facilement reproductible par soi-même ou auprès d'un professionnel quelconque, c'est-à-dire hors du circuit classique plus ou moins imposé.

Malgré ces facteurs explicatifs du démarrage décevant du fonds « eurocroissance », ce dernier a néanmoins permis un rendement proche des 3,5%, parfaitement situé entre ceux des fonds en euros à 1,8% et des unités de compte à 5%. Cependant, les montants placés dans ce fonds « eurocroissance » demeure insuffisants et s'élèvent à seulement 2,3 milliards d'euros, ceci étant en partie dû à la faible commercialisation du placement par les assureurs (seulement une dizaine d'entre eux s'y sont aventuré).

Comment le gouvernement souhaite y remédier

Au sein de la loi Pacte présentée le mois prochain, Bercy s'est d'ores et déjà fixé l'objectif de littéralement décupler la somme des placements dans le fonds « eurocroissance » pour que cette agrégation atteigne 20 milliards d'euros d'ici deux ans. Pour se faire, le gouvernement doit rendre le fonds « eurocroissance » davantage plus séduisant auprès des épargnants pour véritablement le démarquer des fonds euros dont les avantages fiscaux devraient être diminués.

A l'heure actuelle, le fonds « eurocroissance » fonctionne à partir de deux compartiments : de diversification et mathématique. Le premier a pour but d'augmenter le rendement tandis que le second a un rôle de garant du capital placé. Ce fonctionnement est très individualisé puisque les deux provisions sont fonction des taux longs, de la durée du contrat et du choix de garantie : la complexité du dispositif est donc renforcée. Le gouvernement souhaite agir précisément sur ce point en favorisant la lisibilité du mécanisme du fonds « eurocroissance » avec un rendement unique par contrat de durée similaire que communiquerait l'assureur.

Conjointement aux manoeuvres de la réforme étatique de l'assurance-vie, les acteurs du monde de l'assurance songent dès maintenant à des fonds en euros « bonifiés » qui garantiraient le capital mais jaugeraient les rendements selon le moment auquel l'épargnant retire ses placements. Avant un certains délais, de huit à dix ans également, ces rendements seraient même inférieurs à ceux offerts par les fonds en euros mais au-delà de cette durée, ils seraient sensiblement améliorés.  

>> Pour aller plus loin : Assurance vie : Un bilan bien plus positif que prévu en 2017

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