Les géants de l'Internet commencent à faire trembler le secteur de la finance

Jacques-Olivier Busi 13 Septembre 2016 14:32

Arrivés sur la pointe des pieds, les géants de l'Internet étaient censés ne s'intéresser au secteur financier que pour récupérer des données clients. Aujourd'hui, les cartes sont remises en jeu et de nouveaux services pourraient bousculer les acteurs traditionnels.

Les géants de l'Internet commencent à faire trembler le secteur de la financeCes dernières années, ces géants de l'Internet ont multiplié les arrivées sur le marché par l'intermédiaire de services de paiement.

"Nos concurrents de demain sont Amazon, Apple ou Facebook". "Demain, Apple pourrait tout à fait vendre de l'assurance-santé". Ces deux citations de Thomas Buberl, patron d'Axa, issues du journal Les Echos il y a quelques mois, semblent résonnées aujourd'hui comme des prémonitions. En effet, l'arrivée des "GAFA" (Google, Apple, Facebook et Amazon) dans le monde de la finance a déjà commencé.

Ces dernières années, ces géants de l'Internet ont multiplié les arrivées sur le marché par l'intermédiaire de services de paiement. Tous ont investi dans le développement d'une solution de "wallet" (portefeuilles électroniques comme Google Wallet ou Apple Wallet), ou dans une solution de paiement sans contact à l'image du géant à la pomme avec son Apple Pay, ou encore dans une solution de transfert de fonds (Messenger Payments chez Facebook).

Ces GAFA voulaient au départ "installer une infrastructure de paiement", ce qui "est assez simple et facile à rentabiliser par les volumes", précise Julien Maldonato, directeur industrie financière chez Deloitte, au quotidien Les Echos.

Des facteurs inquiétants pour le secteur : une force de frappe financière et une captation forte de données

Néanmoins, ces systèmes de paiement représentent une aubaine pour simplifier le parcours d'achat des clients pour des entreprises qui vendent directement des biens ou des services comme Amazon et Apple. De plus, enregistrer des nouveaux clients sur leurs propres systèmes de paiement leur permet d'enregistrer les habitudes d'achat de ces derniers et donc de mieux les connaître.

Dans ce sens, Google et Facebook ne proposent aucun produit à la vente mais approfondissent la connaissance de leurs utilisateurs. "Mais leur métier c'est de mettre leurs abonnés en relation et de leur faire produire de l'information. Proposer du paiement et des transferts d'argent, c'est un vrai plus en terme de rétention du public et d'audience", ajoute Julien Madonato.

Par ailleurs, selon Philippe Mutricy, directeur de la prospective chez Bpifrance Le Lab, "les GAFA ont déjà pris cinq à dix ans d'avance sur le reste de l'économie en matière de collecte de données, qui sont au coeur de tous les nouveaux modèles économiques". A cela s'ajoute un autre risque pour les banques et assureurs du fait que ces mastodontes disposent d'une importe force financière et peuvent donc racheter des fintech spécialisées.

La prudence des GAFA sur d'autres produits financiers

Cependant, avoir une force de frappe financière importante ne garantit pas pour autant une réussite totale dans le secteur de la finance. Pour le moment, seul Amazon s'est aventuré sur le crédit et Google a déjà supprimé, début 2016, son comparateur d'assurance.

"Les GAFA sont en phase d'observation. Ils ne cherchent pas à devenir des banques mais à identifier le point précis où la création de valeur (par la captation de données) est la plus forte : le paiement répond bien à cette définition, et demain éventuellement la tenue de comptes. Cela paraît plus difficile dans le cadre du crédit...", détaille Philippe Mutricy.

Dans une vision à long terme, cette masse de données collectées sur leurs clients pourrait permettre aux GAFA de proposer des conseils financiers ou des contrats d'assurances personnalisables à l'extrême. Ainsi, ils pourraient devenir les leaders de la relation finale avec le client et laisseront aux acteurs traditionnels les aspects techniques. En réponse, "certaines banques pourraient tenter de pactiser avec les GAFA, mais ce serait un jeu à double tranchant", précise Patrick Bucquet.

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