Immobilier : Les bailleurs gagnent le double du reste de la population
Selon une étude récente, les propriétaires bailleurs ont des revenus deux fois plus élevés que le reste de la population en France. Un constat qui pose la question de l'encadrement des loyers en zones tendues.
Au niveau de leur profil sociologique, les bailleurs ont la plupart du temps un âge avancé.
Etre rentier en France semble être une solution pour dégager des revenus confortables. C'est le constat confirmé par une étude publiée, au mois de juillet, par l'Agence nationale pour l'information sur le logement (Anil). Ainsi, d'après cette étude sur l'état "du parc locatif privé et ses bailleurs" en France, les "ménages bailleurs personnes physiques" sont bien plus aisés que le reste de la population.
Un tiers des bailleurs ont des revenus annuels supérieurs à 72.600 euros
Ainsi, les revenus annuels médians des bailleurs s'élèvent à 59.200 euros, soit quasiment deux fois plus élevés que ceux du reste des ménages, à hauteur de 30.400 euros. Un ménage bailleur sur trois a même des revenus annuels supérieurs au neuvième décile de la population globale, soit 72.600 euros. "Ces bailleurs qui ont des ressources supérieures à ce neuvième décile détiennent près de 40% du parc de logements loués par des particuliers", précise l'Anil. En outre, environ 85% des 2,143 millions de bailleurs recensés par l'Anil en France, sont également propriétaires de leur résidence principale.
Au niveau de leur profil sociologique, les bailleurs ont la plupart du temps un âge avancé puisque 37% sont des retraités, 47% ont plus de 60 ans et 69% ont plus de 50 ans. Cette tendance suppose que la plupart d'entre eux ont terminé de rembourser leur prêts immobiliers. Ainsi, les loyers perçus sont donc exemptés de remboursement de crédits et ne sont soumis qu'aux charges et aux travaux d'entretien.
Un argument supplémentaire en faveur de l'encadrement des loyers ?
Ces revenus supérieurs au reste de la population peuvent donner des arguments supplémentaires en faveur de l'encadrement des loyers abusifs. En effet, le gouvernement souhaite étendre la mesure de l'encadrement des loyers à la petite couronne parisienne, mais aussi à certaines grandes villes de province. Pour le moment, cette mesure ne s'applique seulement pour Paris intramuros.
Les locataires consacrent une part importante de leurs revenus dans le logement et le fait de savoir que les bailleurs gagnent deux fois plus qu'eux, pose une question morale aux pouvoirs publics. En effet, il semble compliqué à accepter que ces ménages locataires modestes, consacrant une part prépondérante de leur budget, parfois même de manière abusive, rémunèrent des bailleurs bénéficiant d'une situation économique confortable.
D'autres verront ici un frein à l'ascenseur social puisque cette situation accentue le décalage entre les situations financière des bailleurs et des locataires. Le poids des loyers sur leurs budgets réduisant fortement leur capacité à épargner et à consommer. Nul doute que les chiffres de l'Anil ne pourront qu'alimenter cette question de l'encadrement des loyers en zones tendues.