Immobilier : face à la vacance des logements, le gouvernement s'active
Alors que le nombre de logements vides a fortement augmenté ces dernières années, le ministre du logement et de la ville, Julien Denormandie a dévoilé une série de mesures censées endiguer le fléau.
Face à une vacance toujours plus importante, le gouvernement a entamé les grandes manoeuvres ©Unsplash-Isaiah Bekkers
« Inacceptable », c'est le mot choisi par le ministre du Logement, Julien Denormandie, au moment d'évoquer la situation des logements vides dans l'Hexagone. Depuis 2006, et son plus bas niveau historique (6.3 %), la vacance locative ne cesse de progresser en France.
Selon l'INSEE, la France compterait aujourd'hui environ 8 % de logements vacants. Soit un peu plus de 3 millions de logements. Même s'il conteste la pertinence de ces chiffres, le ministre a tout de même dévoilé son plan pour endiguer le phénomène. Si le gouvernement entend d'abord « identifier et inciter », il n'exclut pas non plus de réquisitionner si rien ne bouge.
200 000 logements visés
Ainsi, pour le ministre, les 3 millions de logements vacants annoncés par l'INSEE ne correspondent pas vraiment à la réalité :
« Dans ces 3 millions figure tous les logements qui sont sur les sites de location. C'est-à-dire le logement vacant mais entre deux locations. Donc, il ne faut pas prendre ce chiffre de 3 millions", explique-t-il au micro de BFM.
Dans les faits, Julien Denormandie envisage de remettre 200 000 logements vacants sur le marché. Des chiffres qui correspondent au nombre de logements inhabités depuis au moins deux ans. Le gouvernement vise avant tout les logements en zone tendue. C'est-à-dire le Nord, le Sud-Est et l'île de France.
Selon lui, bien qu'élevé, cet objectif est primordial : "c'est un objectif de 200.000 logements à remettre sur le marché, c'est colossal. Et hier (lundi, NDLR) j'ai lancé effectivement un plan très important de remise sur le marché de ces logements parce que dans notre pays, personne ne peut accepter qu'on ait autant de difficultés à se loger avec autant de logements vacants".
Cartographier et mieux informer
Face à ce défi important, l'État propose ainsi de cartographier les logements vacants, mais surtout d'inciter les propriétaires à louer leur logement.
Malgré des taux de vacance élevés dans des villes comme Paris (8,3 % en 2016), Lyon (8,2 %) ou Lille (9,1 %), la majeure partie des logements vacants ne le reste pas longtemps dans les grandes villes. La faute à un turn-over important. Le pourcentage du parc vide est néanmoins beaucoup plus élevé dans les zones rurales, où la demande en logement est bien plus faible.
Le plan du gouvernement entend donc cartographier pour mieux comprendre le phénomène et surtout mieux informer les propriétaires pour les inciter à louer davantage : « Certains peuvent avoir besoin des aides à la rénovation si le bien est trop dégradé (et) d'autres ont peur des impayés ou des dégradations", expliquent les ministères.
Des dispositifs déjà existants
Car au-delà des objectifs, ce sont bien les causes qui interpellent. Pour que le plan soit efficace, il faut avant tout analyser les raisons d'une telle augmentation de la vacance immobilière. Indéniablement, une certaine méfiance s'est créée entre les propriétaires et les locataires.
Les loueurs redoutent souvent de tomber sur des mauvais locataires mais surtout sur des mauvais payeurs. Des craintes pas toujours justifiées selon Julien Denormandie « On a créé beaucoup de craintes", explique-t-il. Il déplore également que beaucoup d'idées préconçues circulent à ce sujet :
« Il y a cette image assez simpliste mais qui pourrit la relation entre les propriétaires et les locataires. Un propriétaire serait un nanti et un locataire aurait pour principal jeu de mettre le désordre dans l'appartement qu'il loue. Ce n'est pas vrai. Le montant des impayés dans notre pays, c'est de l'ordre de 1%. Il n'empêche que c'est cette perception qui est établie".
Pourtant, des dispositifs sont déjà en place pour prévenir les loyers impayés. La garantie Visale, lancée en 2016 par Action Logement, est une caution gratuite à destination des locataires et couvre jusqu'à 36 mensualités impayées.
De même, une plateforme comme Facil Habitat permet de débloquer des aides permettant la réhabilitation des logements. Elle a notamment pour vocation d'aider des propriétaires plus modestes à rénover leur logement dégradé.
Vers la réquisition ?
Pour autant, en cas d'échec de ces mesures, le ministre pourrait activer un dernier levier. À savoir, la réquisition. Même si elle ne devrait pas s'adresser aux propriétaires particuliers, elle pourrait néanmoins concerner des propriétaires institutionnels et les entreprises.
Le but : remettre à disposition des immeubles de bureaux ou logements détenus par les banques. D'ailleurs, Action Logement a crée sa propre foncière, dédiée à l'acquisition et à la transformation en surfaces habitables de locaux d'activités vacants.
Enfin, même la réquisition d'un particulier pourrait être envisagée, comme l'explique le ministre dans les colonnes du Parisien : “Si vraiment rien n'est fait, je ne m'interdis rien par principe mais, pour les particuliers, il est très compliqué de réquisitionner". Pour autant, cette dernière solution reste hautement improbable. En effet, le droit à la propriété reste un des plus protecteur de la Constitution.